À l'ombre des jeunes filles en fruit

Quel charme trouble dégagent ces demoiselles parvenues à maturité et dont les comportements appellent encore des mesures que l'on croirait être le fait de la prime jeunesse ! Un éducateur expert saura conjuguer tendresse et rigueur à leur bénéfice et voilà ce qui fait l'objet de notre réflexion.

1/28/2007

Vénus



Deux comédiens blanchis sous le harnais et parvenus à l’âge canonique , Maurice et Ian (Peter O’Toole et Leslie phillips respectivement) n'ont jamais connu plus qu'un honnête succès. En fin de parcours, ils poursuivent une carrière qui s’étiole et assument avec autant de philosophie que possible les mille indignités de la sénescence. La routine de leur quotidien marquée par l’échange d'amicales saties et bourrades lors du petit déjeuner pris au café du coin est bouleversée par l’irruption de la petite nièce d’Iian, Jessie (nouvelle venue à l’écran Jodie Whittaker).

Autant Jessie met les nerfs fragiles de son oncle à rude épreuve, autant elle fascine Maurice. Le déclin de la chair ne lui laisse que les reliquats de la séduction. Mais les frissons résiduels qu'elle éveille en lui l'amènent à prendre conscience du fait que mille cavales hédonistes l'ont sans doute amené à ne vivre que des apparence dont il affiche aujourd'hui les oripeaux, que le rideau va bientôt tomber. Quant à Jessie, trottin rebelle aux oreilles constellées de breloques, décrocheuse en goguette qui s’empiffre de malbouffe, elle apprendra à se respecter elle-même et à estimer autrui, pour accorder à Maurice la grâce d’agoniser dans ses bras roses et frais, ultime étreinte d’un séducteur impénitent jusques à l'agonie et que la faucheuse vient cueillir à son heure, soit toujours trop tôt.

Au fil de ces amours qui ne sont pas synchro, les regrets montent du temps révolu où Maurice affichait aux dépens de sa légitime (Vanessa Redgrave) le charme fou d’une trentaine dissolue menée par-dessous la jambe et sous les feux de la rampe, tandis que la réussite lui souriait et la gloire lui posait un lapin. Le tout donne à cette confrontation de l’insolente, incertaine et bravache jeunesse, de la vieillesse parvenue à l'heure des bilans in extremis, une grandeur insoupçonnée à laquelle la présence souveraine de Peter O’Toole, désormais buriné par ses 75 ans, confère toute son envergure. Exercice périlleux : le tournage s’est soldé pour O’Toole par une fracture de la hanche avec remplacement, rançon de la gloire. Peut-on espérer que cet ultime envoi sera couronné d'un Oscar, consécration qui a jusqu'ici éludé O'Toole malgré sept nominations ?

Là d’où viennent les hurlements, là sera la féministe. Car si Jessie est majeure, n’ayez crainte, les certitudes convenues de la rectitude politique quant à l’homme ce cochon en prennent un sacré coup. Surprise, étonnement, cette relation intergénérationnelle et asymétrique se révèle aussi touchante qu’humaine. L'impuisance avouée de Maurice exclut le sacro-saint miracle de la maternité, le seul qui soit à la portée d'un caniche. La cabale des dévotes sans humour et toutes en humeurs n’a qu’à aller se coucher.

http://www.thefilmfactory.co.uk/venus/