La compo de la semaine
Cet essai, vous l'avez bâclé de mauvaise grâce, à la và-comme-je-te-pousse, en rêvant à la hampe, au zob de votre nouveau petit ami sur lequel votre chatte soyeuse s'empâle et se trémousse depuis deux semaines fertiles en escapades pour mieux l'inciter à vous pistonner d'enthousiasme. Et votre prose accuse toutes les étourderies que le correcteur, supervisant l'étude de seize heures, y relève.
Tout en surveillant d'un oeil exercé les demoiselles de la cinquième C qui oeuvrent assidûment aux devoirs du jour, il inscrit dans une série de sparages rageurs accusant sa déception croissante les encerclés, traits, flèches, soulignés z'é reformulations qui dénoncent et dénombrent les vices de votre texte, faute de pouvoir sanctionner les vôtres.
Que dire des appréciations dont le verdict s'inscrit dans les interlignes comme des zébrures marquant la chair blanche du papier : « Style bancal, lieu commun, hors-registre, relève de la langue parlée, voir relâchée ! » Que dire des anglicismes devant lesquels il se récrie car vous avez repiqué quelques malencontreux extraits de la revue Châtelaine, feuille de chou pour poules de banlieue en détresse qui égrène les lieux communs féministes soft dans ses colonnes coincées entre les annonces de soutien gorge miracle et les photos léchés d'extraordinaires petits plats : « La Québécoise d'aujourd'hui a l'opportunité de se développer professionnellement, alors que sa mère n'avait d'autre alternative que de procréer. »
« Et de trois ! », s'exclame avec une incrédulité accablée Monsieur Louis Ducran, titulaire de langue et littérature française. « Lit-et-ratures... l'accent étant mis sur ratures » précise-t-il quand il se veut badin et débonnaire, ce qui n'est pas du tout le cas aujourd'hui.
À bout de patience, de nerfs, de souffle, de tout, l'enseignant va céder à la tentation de catapulter son Bic en or par la fenêtre entrouverte à l'instant où la cloche marque de sa sonnerie métallique et stridente la fin de la période. Tandis que la classe s'ébroue dans les préparatifs du départ, la voix claire de Monsieur Ducran domine la cohue, affirmant les exigences du devoir : « Bon week-end à toutes. Pour lundi, n'oubliez pas de terminer La gloire de mon père. Nous parlerons de Pagnol la semaine prochaine. Et je demanderai à mademoiselle Sophie Pasteur de bien vouloir rester à son pupître. Oui, Mademoiselle. J'ai à vous parler. »
Un silence lunaire tombe instantanément. Sous le feu croisé de trente regards avertis et convergents, vous fondez jusques à rendre l'âme. D'autant plus qu'à votre habitude, c'est sans culotte que vous vous êtes pointée en classe ce matin, comme tous les matins. Vos fesses nues savourent quotidiennement le contact du bois verni de votre chaise qu'elles réchauffent et gratifient de vos sucs sous le drapé de votre uniforme. Elles pourraient trahir, si jamais elles étaient soumises à une inspection plus atreignante, vos accrocs inattendus au code vestimentaire de la Pension, que vous prenez, pour ainsi dire, par dessous la jambe.
Dans la classe vide, où les derniers chuchottements riches de sous-entendus de vos congénères qui la quittent font écho comme s'ils avaient été répercutés par les voûtes d'une cathédrale, vous croiriez volontiers que le battement éperdu de votre coeur ferait frémir les glaces des grandes baies vitrées où se déverse l'oblique flot doré du jour qui penche.
-- Venez ici ! ordonne Monsieur Ducran. Devant mon bureau.
Vous quittez votre siège, soulevant votre derrière du bois verni et chaud auquel l'épiderme rendu moïte par soixante minutes d'assises semble adhérer. L'air ambiant fait frissonner le coeur de votre intimité.
Votre jupe écossaise, joliment plissée, se drape sur les rondeurs de votre croupe, tandis que vous obtempérez. Un courant d'air mutin s'insinue entre vos cuisses comme pour taquiner votre sexe. À cela s'ajoute le fourmillement qui aguiche vos miches. N'étant pas enserrées et contenues par le fourreau d'une culotte de coton blanc, elles se côtoient en toute liberté sous le balancement caressant des plis de votre kilt, se blotissent l'une contre l'autre, se dodelinent dans un tendre voisinage, charnelles et dodues de part et d'autre de la raie un peu poisseuse qui marque leur amoureux point de contact.
Vos cuisses d'une élégence si fine que vous ne manquez jamais de les mettre en valeur en remontant juste ce qu'il faut la jupette de votre uniforme, semblent maintenant flancher à chaque pas incertain que vous accomplissez par pur automatisme, comme une putain menée au supplice du fouet dans un tintamarre de quolibets populaciers, promise à la flétrissure infligé par le bourreau masqué qui arpente impatiemment l'échafaud.
Tout ce bouquet de vertiges qui fait s'épanouir les pétales de votre sexe coulant et frémit dans votre petit ventre tendre et rond, investit votre poitrine haletante et se déploie dans votre esprit qui s'embrase, fasciné, lorsque vous voyez l'enseignant retirer du tiroir de son bureau la longue baguette de bambou, fine souple et vibrante ultime et plus effrayant recours de l'établissement.
Il la fait bomber, la tend à hauteur de son torse. Son regard, portant jusqu'au dixième rang où vous avancez d'un pas incertain, vous cloue sur place et vous contraindrait volontiers à vous agenouiller comme lorsque sonne l'heure de la contrition, à la chapelle.
Moment terriblement délicieux et délicieusement terrible !
2 Comments:
huuumm... délicieusement terrible... et terriblement
excitant
Guts
http://guts.over-blog.com
Merci, merci, Guts. Ces textes sont des ballons lancés à la ronde et c'est toujours un plaisir de savoir qu'ils ont atteri sur un coin de pelouse accueillant.
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