À l'ombre des jeunes filles en fruit

Quel charme trouble dégagent ces demoiselles parvenues à maturité et dont les comportements appellent encore des mesures que l'on croirait être le fait de la prime jeunesse ! Un éducateur expert saura conjuguer tendresse et rigueur à leur bénéfice et voilà ce qui fait l'objet de notre réflexion.

5/07/2006

Quintette à cordes en do majeur




Puis-je adresser mes remerciements à notre Sarahh (http://www.u-blog.net/45hharaszehc/?1141472118haraszehc/?11414721188 ) et à son Bienveillant qui, au cours de nos conversations sur MSN, ont convenu de la rédaction et la publication de ce conte dont la thématique a été posée en collaboration, tandis que l’élaboration du texte m’était confiée. C’est après lecture et approbation par les deux héros de ce récit que je vous le livre comme un fruit luxuriant, mais pas nécessairement luxurieux de notre amitié.

Adagio

Sa chevelure bouclée et ondulante -- on croirait voir une grâce de Botticelli -- coule en une tumultueuse et foisonnante rivière d’or jusques aux reins épanouis dont la rondeur se déploie sur la chaise de bois qui les accueille. Ce soir, Sarahh est toute nue sous le long et chaste drapé de sa robe, un imprimé de coton aérien parcouru d’une campagnarde moisson fleurie. La rondeur libérée de ses seins en comble le corsage empire, tandis que sous le vêtement qui fait rideau, ses cuisses accueillent l’instrument avec une largesse toute maternelle, prélude à l’enfantement de la mélodie.

Leur ouverture inconditionnelle répond-elle au Sésame ouvre-toi d’une amoureuse requête dont Schubert seul serait l’auteur ? Ou à leur point de jonction, sous le maquis, le fourré, le buisson ardent qui en marque l’épicentre et orne la fontaine de ce jardin clos tout comme sa porte des artistes, un hommage plus vibrant à sa féminité aurait-il trouvé, au cœur de son cœur, le plus délicieux objet auquel il puisse s’adresser en se conjuguant aux accents si graves et aériens de la Quintette à cordes en do majeur dont l’Adagio est aujourd’hui mis au programme ? Son Bienveillant aurait-il introduit avec une tendre dextérité, dans ce huis clos qui lui est tout à fait réservé, l’œuf vibrant offert en guise d’étrennes et en complément de la cravache amoureusement déposée sous l’arbre, afin qu’il tienne ce soir le pari d’enrichir, d’approfondir, de rendre plus fougueuse, plus passionnante et passionnée encore l’interprétation de Sarahh ; d’accentuer ce sturm und drang en conférant tout son sens et toute son indécence à l’expression musique de chambre ; de dénuder la mélodie dans sa vérité, désormais présentée au naturel, donc au surnaturel ?

Le corps de l’instrument fait paravent aux splendeurs ainsi présentées sous le voile. Seul son Bienveillant, son Bienaimant, son Bienaimé est initié au secret qui dort et repose encore blotti au plus intime au plus chaleureux de son être palpitant, source de volupté, matrice de vie.

Elle porte son regard vers les bancs de ce temple où, au premier rang des catéchumènes, des initiés figure son Tuteur. Tandis que le brouhaha de l’auditoire se fond dans le silence, entre le chœur devenu scène et la première rangée, leurs regards se cherchent, se trouvent, s’alignent l’un sur l’autre, s’inscrivent l’un dans l’autre en prise directe, mâle et femelle, se lient, se coulent en une invisible et indissoluble étreinte.

D’où provient l’auditoire réuni en ce lieu illuminé de tous ses feux pour les fêtes, salle de concert d’un soir, à l’invitation de Schubert ? Ses membres sont ils venus déposer sur l’autel de la beauté qui les accueille avec compassion leur fardeau de misères et de mortalité pour en voir le pain de propitiation transfiguré et devenir chair au moment où la musique prend corps ? Que de douleurs viennent ici réclamer droit d’asile et trouver réconfort. Au fond de la salle, sur la droite, seuls au monde, percerez-vous leur secret : un universitaire déchu, la soixantaine robuste, trapue, volontaire et combative, les cheveux blancs et courts. Il est hanté par l’ombre d’un mensonge originel et sa suite de conséquences, tout à la fois forgées de ses mains et infligées par la Vie qui fait écho à nos actes comme la mélodie se réverbère sur la caisse de résonance des voûtes gothiques de cette chapelle dont les arceaux portent les regards en altitude tandis qu’ils en amplifient l’éloquente voix. Ses yeux émerveillés d’art illumineront bientôt d’intelligence vive un visage buriné où s’inscrit le dernier chapitre de son existence. Assise à côté de lui, son amante inattendue, une blonde à la peau blanche, la lèvre amère, méfiante, versatile, voluptueusement portée à son point d’ignition par le cynisme las d’une trentaine illettrée, un cœur tuméfié sous le choc des oppressions qui l’ont confinée dans le dénuement, une âme violée, perdue et retrouvée, ce soir. Elle reçoit avec la foi naïve et à peine convaincue, non pas du charbonnier mais de la femme de ménage et vachère, ce sacrement qui parcourt de frissons la nuque militaire de son amant, si bien qu’elle pourrait en concevoir quelque jalousie. Tout près d’eux, l’auteur, Nathan Zuckerman, oui voyez c’est bien lui, qui a percé à jour leur secret. Il racontera leur histoire marquée des défaillances qui entachent leur vie et, déjà à la tâche, note le tout.

Sarahh attaque de l’archet les cordes qui répondent à son impulsion tandis que ses doigts se délient dans l’enchaînement de leur allée-venue. Elle fait monter l’invocation de l’instrument dont les accents graves, méditatifs s’élèvent dans le chœur, conjugués à la voix du second violoncelle qui joue à l’unisson, faisant résonner ses intonations en contrepoint pour former une mélodie sublime. Schubert accomplit son œuvre plus intime entre ses cuisses qui l’accueillent et le recueillent, l’invitent à se présenter à la porte du sanctuaire pour la combler de vibrants friselis en guise d’hommage préliminaire -- et jusque dans son sexe, oreille interne de l’âme, épicentre des réverbérations que le murmure tendrement viril de l’instrument y propage.

L’Adagio s’adresse avec une impérieuse pertinence à ses reins, et son envoûtement, que l’archet éveille, suscite, exerce éloquemment, comble son attente si urgente, si fervente, si recueillie. Il se propage comme un frisson sur une chair amoureusement proposée et y fait déferler ses vagues abstraites, mathématiques, invisibles, si tangibles pourtant. L’effet orchestral du dédoublage formant une musique pour l’éternité, s’enrichit du dialogue des deux violoncelles évoluant en contrepoint au fil de l’écriture harmonique, comme en une musique chorale. Déchirante, somptueuse la mélodie se délove avec une infinie évidence et prend l’artiste tout comme l’auditeur par la main, dès les premières mesures, pour leur en faire vivre l’humanité.

Et tandis que Sarahh déploie ses ailes et prend son vol dans un roucoulement de l’Esprit, la main de son Bienaimant se love autour du boîtier de la télécommande, dans la poche droite de sa veste. Du bout de l’ongle, l’index fait avancer d’un cran la molette rainurée, engage le mécanisme et le dispositif décoche l’onde qui se propage jusqu’à l’entrecuisse de la violoncelliste, amorçant le vibrato plus secret, plus ardent d’une tout autre musique. Dans le saint des saints de Sarahh naît alors le murmure et le chuchotement fécond de l’Oeuf originel, l’invocation de la volupté naissante. La molette tourne un cran de plus… et s’amorce alors une sarahhbande, un tango sans hésitation, moins pieux, plus éperdu, plus insistant, plus organique.

Seul son regard liquide, traduit, trahit, la perturbation de tout son être suscitée par l’onde troublante qui irradie et se propage, au départ de sa source, sur les plages intérieures des cuisses comblant profondément leurs longs muscles fuselés qui frémissent à l’unisson. Elle ondule et danse dans ses tripes, tant et si bien que la vague scintillante atteint jusques à l’anus dont la pulsation comble l’intéressée au-delà de ses rêves les plus impudiques, tandis que sa minuscule bouche froissée semble vouloir combler de baisers le bois franc sur lequel elle était posée et maintenant se frotte, se trémousse, tentant d’apaiser l’inextinguible et sauvage soif qui l’étreint.

Que de destins, d’existences se côtoient, se voisinent et conjuguent leurs couleurs ce soir pour former ce silencieux bouquet d’espoirs, d’attentes et de recueillements, un auditoire choisi, dont les tonalités multicolores s’alignent sur les sombres bancs parallèles comme les éléments d’un jardin à la française tiré au cordeau. Chacun porte son secret et aucun ne pourrait même imaginer celui qui, au plus intime de la soliste, laisse entendre son insistant murmure, chuchote des cochoncetés si amoureusement convaincantes.

Mais comment le second violoncelle pourrait-il ne pas remarquer le tremblement à peine perceptible de la lèvre inférieure, que Sarahh mord pour contenir le gémissement ne demandant qu’à enrichir la mélodie d’un irrépressible cri du cœur ; ses pupilles dilatées, égarées, affolées qui se braquent périodiquement sur son Tentateur trahissant une contemplation plus que musicale ; la chevelure dont l’oscillation fougueuse de la tête anime la pluie d’or ; l’emportement que traduit sa gestuelle accusée ; la crispation, des hanches, de la croupe rappelant celle d’une écuyère à l’instant qui précède le saut, quand son poids portant sur les étriers, les genoux ployés, elle crispe et arrondit son rebondi en prévision du bond imminent qu’exécutera sa monture dont la musculature se tend, se crispe et se distend sous sa robe moirée, odorante, parcourue de sueur, tandis que l’étalon élargit de son dos puissant les cuisses qui le chevauchent, que le cul féminin se surélève de la selle dont la coquille chaleureuse et lustrée l’accueillait en cadence jusqu’alors, les fesses s’offrant et se proposant maintenant à tous les regards, à l’œil noir et inquisitif de toutes les caméras, altières et magnifiques sous la culotte d’équitation tendue à craquer et qui leur fait fourreau, tandis que s’approche, que survient l’instant béni où se déclenchera jusqu’à l’envol la bondissante ferveur de cette cavale.

Ces indices conjugués précisent le soupçon qui se confirme dans l’esprit du violoncelliste lorsqu’il porte son regard vers la salle et en parcourt le premier banc là où Sarahh darde le sien… pour constater l’évidente connivence du regard viril qui le soutient, lui répond, avec une énergie volontaire, tandis que la main droite du spectateur quitte la poche de sa veste et vient se poser sur son pantalon de laine grise. L’essentiel est visible dans les yeux.

Scherzo : Presto

Au vin d’honneur qui suit, les félicitations sont de mise devant une interprétation exceptionnellement sentie et le champagne délie les langues tandis que les canapés régalent les yeux, comblent les palais. Sarahh et son Confident devisent avec le second violoncelle dont le regard, d’abord interrogateur, s’illumine maintenant d’une certitude, tandis qu’il se tourne vers l’Homme en qui il devine plus que le mari, de fait, le véritable Tuteur en titre de celle qu’il aimait considérer jusqu’alors comme une amie intime. Sibyllin, énigmatique, comme un Maître zen, il prend congé en les gratifiant d’un koan, d’une énigme dont la solution est destinée à marquer leur apprentissage.

-- Eh bien, mon cher, il me reste à déterminer si notre Sarahh a opté ce soir pour l’expressionnisme… ou pour l’excessivisme musical comme dirait Dorgeles, mais à tout événement, puisque nous semblons devoir nous complaire dans le paradoxe, j’estime que le moment est venu pour vous de battre la démesure, si vous me permettez l’expression. Ce qui, je crois, sera loin de perturber l’harmonie de votre couple, bien au contraire. Notre public a eu la cordialité de nous applaudir des deux mains, me dit-on. Mais quel son rendrait un spectateur qui nous applaudirait d’une main, je vous le demande ?

Zen. Vous dis-je.

Allegretto

La porte de la voiture se ferme. Au baudrier et à la sangle de sécurité qui assurent le haut du corps et la taille, son Tuteur a ajouté, comme il le fait les soirs d’extrême impudeur, deux lanières : l’une enserrant les cuisses juste au-dessus des genoux, l’autre, les poignets. Il contourne la voiture sur l’arrière, met avec précaution dans le coffre l’instrument qui dort maintenant dans son étui, ouvre la portière gauche, retire la télécommande de la poche de sa veste, la dirige sur Sarahh

-- T’en supplie !!!

-- J’espère bien, répond-il imperturbable. Son pouce fait rouler la molette, lentement, délibérément, à trois reprises, poussant le réglage au maximum. Le chuintement provenant du plus intime de son amante, de son élève de sa pupille, de sa femme laisse entendre sa mélodie entêtante, son vrillement assourdi qui monte dans l’habitacle clos. Réduite à l’impuissance, celle-ci se tortille, trépigne, se dandine sur la banquette où elle est assujettie, les reins chassant de droite et de gauche, le turlututu s’arquant, se calant dans le siège fini plein cuir qui le moule. Sa robe est chiffonnée, ramenée sur le haut des cuisses par ce ballet de gesticulations que retiennent et contiennent les sangles. Son manteau largement ouvert ne cache rien des ébats de ce corps galbé sur lequel son Homme jette, à la dérobée, un gourmand regard d’expert.

Devant eux, la route qui remonte le cours de mille nuits ardentes délove ses longs virages dans le faisceau blanchâtre des phares. Ronde comme une montre égrenant les secondes qui les sépare encore de l’heure dite et convenue, la lune peuple d’ombres gris noir la campagne neigeuse, quadrillée de clôtures qui se profile tandis qu’ils poursuivent leur course à travers la plaine dont la plage étale et molletonnée annonce leur destination. Parvenue aux abords familiers de la commune, la voiture ralentit, ses pneus crissant sur la neige pour emprunter à gauche la rue, tout au bout de laquelle les attend la belle et grande maison dont ils ont fait au fil des ans le temple de leurs amours charnelles et qui semble, en cette nuit étoilée, illuminée de promesses. Elle est toute vibrante et habitée de mille souvenirs qu’elle a précieusement conservés entre ses flancs, tandis qu’elle parcourait comme une nef chargée de tous les trésors d’un Orient Extrême, les mois et les années de leur fraternité complice.

Il empoigne la crinière d’or laineux faisant main basse sur sa richesse. Comme les genoux de Sarahh sont étroitement entravés par la sangle qui les lie et les soude, elle tend devant elle ses mains astreintes et jointes pour ne pas perdre l’équilibre en quittant le véhicule. Et c’est en adoptant le trottinement d’une Betty Boop, réduite à n’exécuter que des pas minuscules, les jarrets bombés par les talons hauts qui font osciller ses chevilles et la contraignent à des tortillements d’effeuilleuse, que Sarahh entreprend la longue marche menant au porche de la porte arrière attenante au stationnement.

Car le trajet du retour n’a fait figure que d’intermède et le concert de ce soir n’est pas encore terminé. C’est à la cravache que son Tentateur, devenu son Fustigateur, se propose de conduire l’ultime mouvement de cette quintette, la rigueur visant à déclencher la réaction en chaîne de l’extase dans ce corps de femme où la volupté atteint déjà la masse critique et ne demande qu’à être libérée.

Voyez Sarahh, dont la robe est allègrement troussée, au centre du salon, tant et si bien qu’on croirait apercevoir un parachute en torche à l'instant où la malheureuse percute le sol. La taille en est ramenée à hauteur des seins et le vêtement masque tout le haut du corps qu’il drape, engloutit et rend invisible sous ses replis torsadés, faisant sac maintenant qu’est resserré le cordon dont est muni l’ourlet du bas et qui laisse uniquement émerger et paraître les mains jointes de Sarahh, gages d’une foi aveugle. Les reins, fesses, cuisses enserrées par la sangle, mollets, chevilles oscillent, ondoient et cherchent leur équilibre vu la réclusion où Sarahh est maintenant confinée, tandis que le vrombissement aigu de l’œuf et les gémissements qu’il suscite témoignent du désarroi où cette discipline-là plonge la soliste. La main de son Confident parcourt, visite, effleure, palpe, empoigne, investit et fouille d’autorité ce corps de femme livré à merci, astreint à une sensuelle servitude, radicalement contraint à l’impudicité, épuisé des voluptés insistantes et persistantes qui l’ont amené au paroxysme trois, quatre, cinq fois sur le chemin du retour, jusqu’à plus soif. On dirait une immense fleur qui se serait déployée dans les jardins imaginaires d’un autre monde et qui se trouve radicalement transplantée dans la quotidienneté domestique.

Monsieur tient entre ses doigts la cravache offerte en étrenne qui n’attend que d’exercer son office. Il la tend, la fait bomber pour en éprouver la souplesse. Il l’applique prestement sur la paume de sa main gauche, comme en un applaudissement silencieux, afin d’en apprécier le baiser et le mordant. Est-elle moins redoutable que l’instrument ligneux et noueux des rigueurs scolaires dont le terrible chuintement marquait naguère une formation britannique ? Je vous laisse en juger. Comment savoir ? Avez-vous même goûté, dans votre chair, à la canne, à la cravache ? Le mot cingle-t-il autant que la chose, croyez-vous ? Cette dernière ne laisse-t-elle pas entendre des accents assurés et incisifs lorsque le Bienmordant la décoche d’une flexion souple du poignet, comme un duelliste saluant du fleuret avant l’engagement ?

Puis, en guise de coup de semonce, le Bienfouettant le Père Fouettard ajuste le tir en tapotant le pli sous fessier de Sarahh transfigurée en punie honteuse, fautive sanglotante et implorante, pensionnaire en retenue, délinquante astreinte aux rigueurs du redressement. Les beautés occidentales, la croupe en pomme qui sera proposée et livrée à merci tout au long de cet Allegretto en reprise auquel elle sera désormais contrainte, se contorsionnent, dansant de plus belle, à ce contact connu et reconnu, tandis qu’une supplique de chaton se fait entendre et monte comme une ultime prière annonçant le sacrifice dont elle constitue le préambule et l’introït. Et Monseigneur poursuit la leçon amorcée avant le concert, dont la gamme majeure lui fournit le motif approprié pour sanctionner un écart mineur.

-- Sol… pour la sollicitude que je ressens à votre endroit, malgré vos carences et vos écarts, vos grands-petits écarts Alors, comme un cocher lançant une diligence sur la route qui mènera ses passagers vers le château mystérieux et crénelé dont la sombre et puissante masse se dresse à l’horizon de leur imaginaire, il élève le bras vers l’arrière, fléchissant le poignet pour amorcer le moulinet classique par lequel il exécutera la première application. Quand le geste se déclenche, il ramène d’une main légère et mesurée, la cravache chuintante et chantante en un gracieux arc de cercle de telle façon que le coup d’envoi concerne toute la médiane de cet univers placé sous son pouvoir, au plus rondelet, au plus rebondi du derrière, quelques centimètres à peine au-dessus du pli sous fessier. De part et d’autre de la ligne d’impact se propage une onde de choc qui se diffuse en arc de cercle, jusqu’à la circonférence du croupion tout entier saisi d’un spasme, tandis que la demoiselle, réduite à un complaisant repentir, exécute un saut de carpe. Le coup marque la chair d’un pâle sillon rosacé, parfaitement net qui suit le bombé du cul comme une latitude. Cette trace permet au Redoutable de bien localiser l’endroit atteint, pour mieux déterminer où doivent porter la seconde et la troisième application, soit d’abord un centimètre au-dessus, puis un centimètre au-dessous.

-- La… car je dois vous donner le « la » avec toute la fermeté requise, afin que nos rapports s’inscrivent dans l’optique souhaitée. On l’imaginerait maintenant volontiers en hussard montant un étalon qu’il lance en avant lorsque sonne la charge, quand il lève plus magistralement encore le bras et, ne quittant pas du regard la cible de ses attentions suivies, applique le second coup, plus délicieusement énergique, conçu pour solliciter le repentir qui ne manque pas de s’exprimer par un gémissement issu du cocon où Sarahh, chenille appelée à émerger bientôt papillon, affronte avec un courage résolu les aléas de la gestation qui la transfigure. Ce deuxième trait s’inscrit en parallèle juste au dessus du premier, légèrement violacé, l’un et l’autre rappelant les deux lignes supérieures d’une portée et réglant comme du papier à musique les fesses de la violoncelliste, désormais bien tempérées.

-- Si… car il n’y aura entre nous ni de si, ni de mais, et je vous convierai à suivre sans dévier le droit chemin de vos devoirs petits et grands. On craindrait que la troisième application ne vise à assaillir la chair de ce popotin de putti, si tendre, si câlin, tant le Fouetteur ramène loin derrière l’épaule l’instrument de discipline, et l’on appréhenderait qu’il ne soit infligé à la force d’un bras alourdi par tout l’élan et le poids du torse. Mais la cravache retenue in extremis au bénéfice de la Miss ne fait que tapoter avec une légèreté aérienne le croupion rondelet et rougeoyant, métamorphosé en turlututu de diablotine, ravi, repu comblé d’être si magnifiquement enflammé, enchanté et soulagé par la mansuétude disciplinaire de cette ultime mesure.

-- Do… et nous revenons à l’octave pour rappeler la vérité initiale dont vous fournissez l’exemplaire démonstration. Le violoncelle, comme l’amour, comme la volupté, mon petit, est le fruit d’un labeur. Au lit ou sur scène, vous ne retrouverez votre spontanéité toute vive, votre expressivité toute nue qu’une fois l’âme burinée et transfigurée par l’effort. J’y veillerai personnellement.

Et ce disant, il s’approche d’elle, enlace la taille qui ploie sous son autorité, empaume le sexe qui déjà épuisé de sollicitations semble vouloir se dérober tandis que les reins tremblants, craintifs, éperdus oscillent. Se lovant autour de sa Bienaimée, recueillant avec tendresse entre ses bras son torse, sa tête voilés comme ceux d’une fiancée mahométane, humant les parfums conjugués de son sexe, de ses aisselles, de sa crinière qui émanent du tissu et à travers lui, il chuchote à son oreille dont il cherche, puis devine le pavillon sous le voile :

« Je suis belle O mortels, comme un rêve de Pierre ! »

5/06/2006

Services de sécurité


Ah, qu’elle était tentante et tentatrice cette montre Gucci, sous les halogènes qui mettaient en valeur et faisaient chatoyer les rebords biseautés de son boîtier conçu dans le grand Goût. Vos doigts si agiles l’ont saisie en un tournemain à l’instant où la préposée, qui vous semblait balourde et un peu bête, détournait le regard. Puis, vous avez glissé le précieux objet dans votre sac, d’un geste négligent, un sourire illuminant vos lèvres, tout en vous gardant bien de jeter par dessus l’épaule un regard qui vous aurait signalée, qui aurait trahi l’angoisse coupable fleurissant dans vos viscères. Funeste erreur.

À cet instant, le gardien -- un magnifique Zaïrois dont la carrure se déploie sur plus de six pieds -- fond sur vous, confisque adroitement l’objet d’une clé de bras virile, vous bâillonne de sa large paume qui fait taire vos protestations peu convaincues. La masse de son poing creusant vos reins, ses doigts puissants enserrant votre visage, il vous entraîne, sans ménagement à l’arrière de l’établissement sous le regard ébahi ou réprobateur des autres clients et clientes qui, loin de faire obstacle à son intervention, lui ouvrent la voie avec complaisance. Le trot accéléré et trébuchant imposé par sa contrainte irrésistible vous amène, comme une pouliche rétive face au saut qu’elle redoute, toujours plus près d’une porte d’acier gris où, vous l’avez remarqué de loin, figure en grandes majuscules rouges la mention

SERVICES DE SÉCURITÉ

Penaude comme une écolière vous tentez de vous refaire une beauté en hurlant d’abord au scandale, pour la forme. Puis vous protestez de votre bonne foi, tandis que la directrice de la Sécurité admire le trésor devenu pièce à conviction, scintillant sur le bureau de chêne derrière lequel siège cette femme équarrie comme une matrone. Elle est flanquée de ses deux acolytes, plus jeunes, qui affichent, elles aussi, une autorité musclée. Et devant la preuve accablante du flagrant désir où l’on vous a surprise, vous adoptez le ton plus conciliant, plus suppliant d’une jeune fille qui appréhende les conséquences d’une bourde récente et ne sait pas encore jusqu’où iront les choses, tandis que sa mère la fait pénétrer dans l’étude paternelle, d’un geste affirmé.

« Mademoiselle, deux choix s’ouvrent à vous, explique la directrice en vous fusillant d’un regard qui se veut furieux, mais trahit un inexplicable amusement. J’appelle la police, dans un quart d’heure vous êtes au poste. Vol à l’étalage ? Vous écopez de six mois à Tanguay. Avec des gens tout à fait biens : putes, junkies, paumées, voleuses, oui, oui. Voleuses : c’est le mot ! Je vous passe les détails. Vous voyez le topo. Vous avez un mari ? Un petit ami ? Des enfants ? »

Et vous posez la question qui vous brûle désormais les lèvres, tandis que pour vous tout bascule et qu’une incoercible envie de pisser, de plus en plus urgentissime, vous tenaille, vous titille affreusement : « L’autre choix ? »

« Venez. » répond-elle, sibylline comme un maître zen. Votre ravisseur empaume votre nuque maintenant plus souple, tandis que les deux matrones qui vous flanquent de droite et de gauche ont empoigné vos bras, juste sous les aisselles. Ils vous entraînent, plus morte que vive, dans le vestiaire attenant : trois murs où s’alignent des cases grises, dont l’ordre impeccable et la propreté témoignent de la discipline, de l’exigence à laquelle leurs usagers s’astreignent. Le long du quatrième, les toilettes où vous ne rêvez que de libérer le trop-plein de votre insistante vessie en état d’alerte rouge. Un long banc de bois blond, à peine équarri, est le seul meuble qui, tout au centre, trône sous un éclairage blanc et cru ne laissant rien à l’imagination. Sur cet appareil est posée une large férule. Sa palette est ovoïde comme celle d’une raquette de bolo, mince comme ces règles de bois franc qui évoquent mille souvenirs d’enfance. Vous l’avez noté avec soulagement : l’instrument n’est pas conçu pour assaillir avec une brutalité affreuse les reins d’une jeune fille fautive, mais pour claquer puissamment sa chair, sans plus, en guise d’avertissement. Par ailleurs, son long manche recouvert d’un cuir souple et fin peut être saisi à deux mains, s’il le faut. Et vous constatez avec angoisse que son large ovale circonscrirait et embraserait tout à la fois, d’un seul coup, à la volée, non seulement les rotondités jumelles de votre popotin un tantinet joufflu, avouons-le, mais aussi, le haut de vos cuisses dont l’intérieur, si tendre, si sensible, est déjà aspergé, sous votre jupette, par la giclée incoercible et chaude qui s’écoulera dans une seconde jusqu’à vos chevilles et ornera d’une flaque accusatrice le plancher de ciment, vous foudroyant de honte.

5/05/2006

Lettre de la directrice


Pensionnat des anges

69, boulevard des Orties
Notre Dame des Sept Douleurs Qc
W0W 0H0


Tout pour l’éducation des vraies jeunes filles

Mars 2006

Monsieur André Martinet
999, boulevard du Divin Marquis
Saint-Abélard Qc
0H0 WOW

Objet : Les écarts, les grands écarts de votre protégée et les correctifs qu’appelle d’urgence pareille dissipation


Monsieur,

J’ai communiqué avec vous il y a quelques jours, vous vous en souviendrez, pour vous informer des problèmes disciplinaires suscités par le tempérament dissipé de notre Constance, ainsi que de certaines insolences qui m’avaient amené à envisager son renvoi. Cette demoiselle en fleur et en fruit dont vous êtes le tuteur est soumise à votre autorité. Vous nous avez confié le parachèvement de son éducation afin qu’un supplément de culture rehausse les prémices de sa maturité par les grâces de l’esprit. Les constatations et les avis des membres de notre corps enseignant me placent aujourd’hui dans l’obligation de vous souligner à regret diverses insuffisances, et plus particulièrement une faute lourde appelant un correctif aussi vigoureux qu’immédiat, soit un surcroît de fermeté et de rigueur de votre part. À ce sujet, je m’exprimerai aujourd’hui à coeur ouvert, et de façon plus détaillée, plus explicite, dans la certitude désormais acquise que nous partageons, je crois, la même optique en matière d’éducation. La suite de la présente missive vous indiquera l’incident qui motive amplement ces considérations préliminaires.

Une tradition pédagogique bien établie confirme que pour avoir toute l’efficacité souhaitée, une mesure disciplinaire infligée à une demoiselle qui termine sa dix-neuvième année doit comporter deux aspects essentiels.

D’une part -- à ce que me confie notre renarde vous le savez comme moi -- la patiente doit être entièrement dénudée et livrée pour ainsi dire à merci, transie de honte, soumise de corps, de coeur et d’esprit, entre les mains de l’éducateur ou du mari chargé d’appliquer la correction -- le disciplinarian comme on dit dans les pensions anglaises. Dois-je préciser que cette mise à nu se fait obligatoirement loin de tout regard indiscret, derrière portes closes et sans outrage aucun à la pudeur, dans la chambre de la patiente, l’étude de son maître ou un petit salon dont les portes ont été préalablement fermées à double tour. Une vraie jeune femme ne peut être contrainte à se dénuder qu’en la présence de son tuteur habilité à courber la nuque rétive de la demoiselle prodigue pour mieux la ramener, fut-ce par l’oreille, à réintégrer le droit chemin du devoir. Certains auteurs, particulièrement scrupuleux au chapitre de la pudeur, recommandent même de bander les yeux de l’intéressée à l’aide d’un foulard de soie noire afin de mieux préserver son innocence lorsque vient le moment du déculottage, ce qui ne réduit en rien l’efficacité de la correction, bien au contraire.

D’autre part, et voici l’accomplissement fructueux de la démarche, ce frémissement qu’inflige la nudité exigée sous contrainte et parfois obtenue au prix de gifles, ce foudroiement de tout l’être qui approfondit le repentir en une sorte d’abolition et porte à recevoir un châtiment mérité avec cette crainte recueillie qui peut être le début de la sagesse, toute cette propédeutique doit être confirmée et son effet salutaire, amplifié encore par l’application vigoureusement mesurée, délibérée et experte des instruments de discipline sur les parties les plus sensibles, les plus intimes, les plus dodues, les plus charnelles et charnues d’un corps de demoiselle mis à disposition et présenté, celles justement qui lui procurent les voluptés dans lesquelles sa lascivité se complaît lorsqu’elle s’abandonne à la flambée des vices qui la tenaillent.

Vous comprendrez qu’une institution d’enseignement comme la nôtre n’est pas en mesure de mener à bien ce véritable dressage, n’ayons pas peur des mots, aussi rigoureux que nécessaire, tout en satisfaisant aux impératifs des bienséances. Vous le savez comme moi, il arrive qu’une pensionnaire, surtout si elle compte au nombre des grandes, contrevienne à l’ordre intimé de recevoir sa fessée avec une silencieuse constance, pour multiplier les supplications et laisser entendre un crescendo strident de cris, de couinements entrecoupés d’implorations et de sanglots. Imaginez la scène si pareil aria, si de telles vocalises émanaient de mon bureau sur le coup de minuit, notre institution tout entière se trouvant alertée par cette petite émeute digne d’un établissement carcéral. C’est pourquoi nous accomplissons tout notre devoir en suivant de près la conduite de nos élèves, en constituant le dossier où sont réunies les preuves de leurs éventuelles insuffisances, de leurs fautes et de leurs vices, en avisant les tuteurs, parents ou fiancés de la gravité relative des écarts commis et en les conseillant quant aux peines qui devraient les sanctionner en bonne pédagogie. Sans plus.

Il nous arrive même de diriger les familles intéressées vers des fournisseurs de confiance, lorsque vient pour elles le moment de se doter des instruments et du matériel requis pour l’infliction des châtiments envisagés. Je serai d’ailleurs heureuse de vous recommander un fabricant de tout premier choix, spécialisé dans la confection de férules, courroies verges et martinets, ainsi que de corsets et harnais de discipline fabriqués sur mesure et conçus en vue d’assujettir les pupilles dans toutes les positions qui livrent les parties du corps concernées par la correction à l’entière discrétion d’un tuteur, surtout dans le cas où ce dernier vise à leur faire adopter sous contrainte des postures, des contorsions qui, pour mieux réduire l’étudiante à merci et bien lui montrer qui est le maître, imposent une cambrure et un écartèlement portés à la limite de sa souplesse et de sa résistance. Si cela répond à votre attente, je conviendrai de vous transmettre aussi la carte de visite d’une dresseuse dont les méthodes et les services ne sont pas restreints aux félins, ni à la gent canine, dont les talents, l’imagination et l’énergie nous ont été fort utiles dans le passé pour mâter certaines cabochardes et dont l’établissement est conçu pour s’adapter tout à fait au châtiment des délinquantes prises en pension pour des stages de trois à six jours qui se sont révélés d’une merveilleuse efficacité.

Mais, dans la généralité des cas, nous laissons aux familles le soin d’assumer les obligations qui leur sont naturellement dévolues, soit d’appliquer dans l’intimité du foyer, les châtiments que prévoit le code disciplinaire de la Pension.

D’après les plus récents aveux de Constance, remontant à son dernier entretien d’évaluation, j’apprends que vous lui avez promis de lui faire bientôt connaître votre rigueur, et même goûter au fouet, ce dont je ne saurais trop vous féliciter et vous remercier. Ma réévaluation de votre protégée m’amenait jusqu’à tout récemment à établir un bilan mitigé de sa conduite. Le paradoxe tient, bien sûr au fait qu’autant ses travaux manifestent sa volonté de poursuivre ses études jusqu’ici excellentes, autant son comportement laisse encore souvent deviner cette lascivité plus qu’ardente, cette gourmande complaisance dans la masturbation, ce comportement débridé de fille folle de son cul qui l’avaient signalée à notre attention au cours du dernier semestre et ne saurait être apaisé que par le mariage.

Voilà comment se présentait mon appréciation jusqu’à la semaine dernière, jusqu’à ce qu’un écart gravissime vienne assombrir toute perspective d’amélioration et changer la face des choses. Je suis consternée de devoir vous révéler qu’il y a huit jours, à dix-neuf heures -- moment marquant le début de l’étude du soir -- j’ai personnellement découvert Constance, dans la remise à outils sise au fond du boisé entourant notre établissement, à genoux devant le jardinier sicilien dont nous avons retenu les services en début d’année et lui faisant, pour ainsi dire, ses dévotions. Elle savourait fort goulûment le sexe, le cupidon puissamment constitué de ce faune qui se déployait hors de la braguette déboutonnée et la comblait jusqu’à la gorge, semble-t-il, tandis qu’elle farfouillait dans le bosquet noir de geai ornant la hampe veineuse de ce petit Hercule basané et lui titillait les testicules, empaumant les bourses, soupesant leur trésor, les caressant, les pinçant du bout des ongles pour pimenter encore mieux la volupté. Quand à lui le jeune mâle, pâmé jusqu’à l’extase par cet hommage, se révulsait dans un déhanchement furieux la régalant jusqu’à la luette, de sa palpitante virilité. Dois-je vous le préciser, Monsieur Martinet, pareille adresse, un tour de main aussi exercé, tant de subtilité dans le doigté pour ainsi dire, ne s’apprennent pas au petit catéchisme des Ursulines et l’initiative de sonder cet autre mystère, plus sombre, plus troublant, vous revient de droit.

De l’extérieur, j’ai observé par la fenêtre ce manège cinq bonnes minutes, afin de déterminer, en toute conscience, si pareille inconduite ne constituait qu’un égarement fortuit, momentané, si compréhensible à cet âge où les passions connaissent un éveil fulgurant et incoercible, ou si cet écart traduisait plutôt une délectation complaisante et habituelle dans le vice. Ce ne fut que pour constater les indices les plus évidents de la préméditation et de la connivence. Car c’est alors que le garçon, aussi exercé et déluré qu’elle, la retourna tendrement, je dois le préciser, pour surélever le mont de vénus d’un bras musclé encerclant sa taille, faire se déployer les fesses déjà en fruit, écarteler largement ses cuisses dodues en les empaumant avec autorité. Puis, il introduisit, o surprise, les cinq doigts de la main droite et adroite, préalablement lubrifiés de salive et de mouille, tout à la fois dans l’anus et dans le sexe de cette renarde, de cette petite démone, pour les enfoncer aussi délicatement, aussi graduellement, aussi délicieusement que possible jusqu’aux dernières jointures, puis leur imprimer un lent mouvement alternatif, tandis que les exclamations pâmées de notre demoiselle, tout à fait perdue d’honneur, traduisaient son illumination transie. Que pouvais-je faire sinon mon devoir? Soit cueillir six branches du saule pleureur oscillant justement à ma portée dans la brise du soir et qui portait bien son nom, pour exécuter, à main armée, une irruption aussi inattendue que remarquée dans ce refuge champêtre transformé en lieu de débauche.

Oui, Monsieur Martinet, j’ai vertement flagellé et strié les reins, les miches taillées à la hache, les cuisses déjà puissantes et velues de ce petit Bacchus, tandis qu’empêtré dans son bleu de travail il tentait désespérément de fuir dans la nuit, piteux comme un garçonnet que sa nounou rageuse surprend, déculotté. Je ne nierai pas que, dans la fureur du moment, et puisque nous étions seules dans un lieu isolé, j’ai également administré séance tenante une fouettée toute rustique à notre louve au bois qui me dévisageait avec impudence, se pourléchant, fière de son coup. Avant de la ramener à la salle d’étude, j’ai voulu pour faire bonne mesure fustiger son popotin et lui arracher à tout le moins un premier cri du coeur, prélude aux aveux plus circonstanciés qu’elle ne manquera pas de vous faire dès son retour à domicile, ce samedi.

Monsieur, je me fie à votre bon jugement d’éducateur qui vous rend apte à apprécier la gravité de la faute et les sanctions devant être appliquées. Il va de soi que j’assurerai la confidentialité des faits liés à l’incident, tant pour sauvegarder la réputation de votre famille que celle de notre maison, ainsi que la pudeur de Constance. Bien qu’elle mérite d’être soumise à votre férule, j’estime qu’il serait anti-éducatif de la livrer, pour ainsi dire, au déshonneur public, pour un écart traduisant une complaisance dans le vice, mais ne causant aucun tort à un tiers. N’hésitez pas à communiquer avec moi si vous désirez de plus amples renseignements ou poursuivre plus à fond la réflexion amorcée lors de nos entretiens précédents. À tout le moins, je vous demanderai de remplir l’attestation de correction ci-jointe et de la remettre à Constance, à mon intention, lors de son retour en pension dimanche soir. Ayant toute confiance en votre fermeté amoureusement magistrale, je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de mon soutien constant.

La directrice des Études et Maîtresse de discipline,

Sr. Âne De La Sainte Obéissance

Soeur Anne De la Sainte Obéissance





Attestation de correction
par le détenteur de l’autorité parentale ou tuteur

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Par la présente, je certifie que Constance a été dûment corrigée le ____________________,

Description de la correction :
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Signature