À l'ombre des jeunes filles en fruit

Quel charme trouble dégagent ces demoiselles parvenues à maturité et dont les comportements appellent encore des mesures que l'on croirait être le fait de la prime jeunesse ! Un éducateur expert saura conjuguer tendresse et rigueur à leur bénéfice et voilà ce qui fait l'objet de notre réflexion.

3/28/2007

Pascal Sellier - Prise III





Mon cher André,

Merci pour la mise en scène de notre dialogue. La symbolique Vénitienne convient parfaitement à notre échange de missives que l’on pourrait imaginer être convoyés par des messagers bravant mille dangers, à cheval ou en frégate transatlantique dans le seul but de nous permettre de disserter aimablement, comme cela se faisait pendant le Siècle.

Venise, ses intrigues, ses palais, ses masques, ses plaisirs badins, ses douceurs badines et ses badines sévères… Ses corridors résonnant de multiples cris de plaisir, douleur, joie et sûrement parfois de peine.
Merci encore pour veiller à mon anonymat, mais Pascal Seiller ne sont ni mon prénom ni mon patronyme. Le premier étant le reflet de mon attachement à la rigueur mathématique de Descartes, le second, le nom d’un voisin de palier de mes parents. Pas de code secret, d’anagramme ou d’analogie possible. Un pseudo sous lequel j’évolue sur la toile comme j’avancerais masqué sur le bord du Grande Canale.

Le Grande Canale, un soir de Mars, que j’arpente d’un bon pas pour me rendre à un rendez vous secret, délicieusement extrême, dont je rentrerais à l’aube, soupirs, murmures et cris chatouillant encore délicatement mes trompes d’Eustache. Les yeux encore emplis des rondeurs diaphanes que j’aurais, tour à tour apprécié, dévoilé et palpé avant de dessiner à la baguette, au martinet, des figures géométriques plus sombres comme autant de signes cabalistiques sur deux lunes jumelles. Rotondités qu’ensuite j’aurais, à la main cette fois, couvert d’un voile uniforme, rosacé, à peine moins soutenu. Ce cérémonial accompli, j’aurais ensuite signifié à la belle mes velléités de perquisition manuelle, puis sexuelle de ses intimités. Et jusqu’au matin, ses larmes, ses cris et ses soupirs auront été mes seuls guides dans la recherche du plaisir, du mien et du sien.

Et quand à peine rajustée, je l’ai raccompagnée à la chambre de son mari, ce dernier a constaté au premier coup d’œil inquisiteur et concupiscent, le rouge de ses joues, le brillant de ses yeux, le désordre de son maquillage et de sa coiffure, son air vaguement absent, autant de signes que la nuit fût bien telle qu’il l’avait imaginée à l'écho de nos ébats. Et quand de sa voix lasse et rauque, elle lui murmura, « Je t’aime… » Il l'accueillit dans ses bras. Attendri que sa belle ait pu hurler à perdre la voix, pleurer à en avoir les yeux secs, pour que lui ait le plaisir que je lui raconte et qu’elle lui raconte cette nuit de perdition.

Pourquoi reste t-il impassible, énigmatique, comme une montagne sous la pluie devant le récit de débordements qu'il autorise et commandite ? La richesse d'un grand industriel et l'exercice du pouvoir commercial qui rejoint chacun de nous dans le quotidien lui ont-ils démontré que l'insatiable désir nous éperonne à poursuivre un mirage fuyant, à pourchasser un arc-en-ciel pour ne jamais l'attrapper ? A-t-il connu l'Éveil portant sur toutes choses le regard pertinent qui en devine la vacuité ? Nous considère-t-il comme des poulains folâtres lâchés dans la steppe, ivres de galopades ? Et pourquoi fait-il preuve d'une inexplicable complaisance devant les frémissements égarés d'une femme beaucoup plus jeune, infiniment plus ignifuge et dont les nerfs tendus, les sens affolés par un imaginaire qui s'amuse à se débrider réclament des délices toujours plus inédites et plus ensauvagées ? Est-ce le prix convenu pour qu'elle lui revienne à l'aube ?

« L’esclave fait le maître. » disait Nietzsche. C’est elle qui décide, c’est elle qui souffre, c’est elle qui jouit. C’est elle qui jouit de se livrer… Et tandis que je déploie les trésors d'ingéniosité qui font de moi le maître à danser et à faire danser de ce bal des sanglots et des râles... lui s'est hissé par la discipline de la méditation à une souveraine altitude… De là, il considère avec équanimité nos ébats.

Je la fesserais souvent, les mois suivants, je la baiserais aussi… A Venise, puis à Paris. Avec le consentement de son philosophe de mari, convaincu que nous épuiserions inévitablement les ressources de ces vanités au fil de déjantements qui peuvent se conclure à l'hôpital s'ils ne vous catapultent pas dans le caniveau.

Nous avons exploré ensemble tous les méandres de nos désirs. Elle fût mon esclave, mon objet, par le fait d'une complaisance dont j'appréciais tout le prix, toute l'adorable valeur.


J’emploie à dessein ces termes définitifs. Elle le fût, vraiment. Mais, elle le fût parce qu’elle l’avait DÉCIDÉ. Elle ne prenait jamais autant de plaisir que quand elle n’était plus. C’est une sensation assez paradoxale que nous avons souvent évoquée ensemble. Ne plus être, devenir un objet qu’on manipule, qu’on montre, qu’on utilise la plongeait dans un état second, une extase d'irresponsabilité abandonnée qui lui procurait in fine des orgasmes dévastateurs.

Son mari était désormais exclu de nos jeux. Pourquoi bafouer la généreuse libéralité que sa philosophie, et sans doute sa sagesse, nous accordait ? Nous ne lui racontions, chacun de notre côté, que ce que nous voulions bien lui dire. Des alibis compatibles avec les traces laissées sur son corps par mes fantaisies ; traces qu’il caressait longuement comme s'il consultait la carte d'un pays inconnu, d'une contrée lointaine dont les territoires hier encore vierges et aujourd'hui conquis portaient la mention « Hic Sunt Leones ».

Richissime armateur d'une expédition que des navigateurs plus hardis devaient mener à bien, il assurait à son épouse un train de vie hors du commun, mais ne savait pas cingler en haute mer ou sonder les vertigineux abîmes où elle rêvait de s'abolir. Elle ne l’aurait quitté pour rien au monde, voilà ce qui formait l'essentiel de leur contrat, et l’idée ne nous a jamais effleuré ni l’un ni l’autre.

Elle se prénommait Irène et avait pour meilleure amie Juliette.

Irène m'a présenté Juliette un soir, à la fin de l’avant première Presse d’un film dans lequel celle-ci voyait son étoile émerger. Percée réalisée à la force du poignet, grâce à un de ces petits miracles de travail consenti loin des feux de la rampe avec une énergie déterminée qui muscle l'âme et forge l'esprit.

Nous avons été dîner ensemble à La Coupole avec une escouade de starlettes sémillantes et camarades rigolards, membres de l'équipe de production, agents de presse et techniciens qui tenaient à s'offrir la tournée des grands ducs pour marquer le coup.

Entraînées dans cette nouba, Irène et Juliette faisaient une joyeuse paire, régnant en conviviales maîtresses sur la petite troupe qui sablait le champagne comme un équipage de sous-mariniers en perdition. Le chef de la bande, attaché de Presse de son état, sonna le rassemblement pour finir la soirée chez Castel. Irène me saisit par un bras et Juliette par l’autre et nous nous sommes enfournés dans un taxi. Une fois installés, nos demoiselles qui échangeaient un aimable babil à peine audible éclatèrent de rire pendant un long moment. Les deux jeunes femmes se calmaient à grand-peine. Les larmes aux yeux, Irène réussit à articuler « Au Bristol, s’il vous plait… »

Irène essuyait ses yeux brillants avec son mouchoir. Ils étaient baignés de larmes, mais rieurs, leur expression n’avait rien à voir avec la lueur indéfinissable que j’y trouvais quand après l’avoir longuement fessée et fouillée, j’allais et venais dans sa bouche toujours plus loin, frôlant la luette pour m’épancher au fond de sa gorge.

Je contemplais en souriant Juliette qui, elle aussi, tamponnait avec précaution le dessous de ses yeux. Elle ne pouvait sûrement pas imaginer qu’à ce moment derrière mon sourire poli, je cherchais à imaginer la tonalité de ses cris sous la fessée ou, j'avoue, la saveur de son sexe.

Il était plus de deux heures du matin et nous étions les derniers clients du bar du Bristol.

Après plusieurs vodka citron, Irène, femme libérée désormais affranchie, avait de moins en moins de retenue dans l’évocation de notre relation, de ses tenants et aboutissants.

Juliette riait franchement des anecdotes de son amie. Irène lui raconta dans le détail comment un soir, de retour de la forêt de Compiègne elle m’avait gratifié d’une somptueuse fellation, mais qu’elle avait oublié qu’il n’y avait pas de mouchoirs dans la voiture. Elle finit là son histoire, par un amusant raccourci, en concluant que ça avait un arrière goût de noisette et que depuis lors, elle appréciait.

Juliette, nullement gênée, pouffa de rire. Il régnait une douce complicité entre les deux jeunes femmes et elles m’y associaient volontiers. Plus le temps passait, plus je sentais qu’Irène s’échauffait. L’alcool, autant que la fin de soirée que nous avions prévue, orientait maintenant invariablement ses propos sur le sexe. Elle questionnait Juliette sur ses aventures passées et présentes, sur ses préférences. Juliette répondait en renâclant, par oui ou par non, aux questions diablement indiscrètes de mon intenable partenaire.

Puis vint le moment psychologique. Irène passablement éméchée lâcha sur un ton badin :
« Tu sais qu’il me donne la fessée… Il me fouette même parfois … et le pire… le pire, c’est que j’aime ça… ça me fait jouir… »
Le regard que me jeta Juliette à ces mots était indéchiffrable. Tout ce que je pus dire alors, c’est qu’il n’y avait pas dans ses yeux la désapprobation voire le mépris que peuvent afficher des profanes.


Irène continua :



« Tu as déjà essayé… ? Je veux dire, la fessée érotique… »

Juliette, les mains sagement croisées sur ses genoux, ne rie plus. Elle me regarde et murmure :
« Si… enfin… non… Non, je n’ai jamais essayé… »

Je fus pris d’un vertige. Je devais me tromper. Elle n’avait pas dit ce que disent en général les femmes à qui on parle de fessée érotique, le sempiternel « Je ne vois pas ce qu’il peut y avoir d’érotique là dedans, se faire fesser par plaisir ? il faut être dérangé… »

Non, chez Juliette, rien de tout ça. Juste ses yeux fixes, marrons, liquides, aux prunelles dilatées, et dont je n’arrivais pas à me détacher.
Puis elle sembla sortir d’un songe et regardant sa montre, s’écria :

« Oh… trois heures.. Il faut que j’y aille, j’ai un agenda de dingue demain… »


En sortant du Bristol, sur le trottoir, nos chemins allaient se séparer. Juliette rentrait chez elle et Irène et moi allions finir la nuit tous les deux chez moi et moi en elle.
« Il faut que je sache. Il faut que je sache. » Glisser ma carte dans sa main… ? Nul ! Lui glisser à l’oreille « Si un jour vous voulez essayer la fessée, je suis à vous ? Nullissime !

Au moment des adieux, je me suis lancé, au risque de me conduire comme un impertinent goujat :

« Quand vous aurez décidé du jour, quand vous vous sentirez prête, appelez Irène, je serais très honoré d’être votre professeur, avec son accord bien sûr… »
Elle me dévisagea un instant, puis son regard croisa celui d'Irène interloquée, et sans un mot elle tourna les talons pour filer vers un stand de taxi où deux voitures attendaient leur ultime client de la soirée.
Irène et moi étions maintenant seuls sur le trottoir, comme deux poivrots. Piquée au vif, elle monta le ton. De fait, elle était à un cheveu de l'algarade que nos conventions excluaient :
« Alors, comme ça, je ne te suffis plus… Monsieur rêve aux fesses de ma meilleure amie, maintenant… et tu veux en plus que je joue les entremetteuses ? »
Faisant abstraction du premier membre de sa phrase, par ailleurs inexact, je réponds à la deuxième proposition comme si cela allait de soi.

« Quand tu en parleras avec elle, ne lui cache rien… dis lui tout… »

Elle me regarde, dégrisée :

« Comment ça tout… même les pinces… les liens… »

« Dis lui tout… avoue-lui le plaisir que tu en tires… décris lui cette volupté au mieux… C’est ta meilleure amie, tu n’as pas envie de partager ce secret de l'ardeur absolue avec elle… ? Il y a de fortes chances qu’elle ait les mêmes penchants que toi… Je l'ai deviné quand tu as parlé de fouettée… Et ce n'est pas moi qui devrait l'initier, mais toi... N'as-tu jamais rêvé de changer de registre ? De procurer l'extase que tu vis ? »

Cette Juliette sera d’ici peu à votre porte…

Bien à vous

Pascal

3/25/2007

En pleine science fiction... et pourtant si banal


Un clone Pentium 4. Pas de quoi se taper le der au plaf. Et pourtant, à l'heureuse époque où nous pondions notre foutue thèse de maîtrise en piochant de peine et de misère sur une Smith Corona portative, si le Fantôme des Noëls à venir nous avait attrappé par les schnolles - bref, par la crinière - pour nous faire exécuter un fast forward dans l'espace-temps et nous en montrer un... on serait tombé à genoux les larmes aux yeux en maudissant le sort qui nous contraindrait à attendre encore trente ans pour en disposer.

Comme quoi l'avenir est inimaginable et dès qu'il devient moment présent, on balaie du revers de la main les merveilles dont il nous comble, infiniment au-delà de nos rèves.

Cette machine conjugue traitement de textes, chiffres, images, bases de donnée. Elle s'adapte au montage de films, à la composition musicale. Dans Internet, elle ouvre une fenêtre sur le monde. C'est grâce à elle que je conçois et diffuse ce petit blog. Elle me permet de relancer mes amis parisiens et orléanais au visiophone. Star Treck. Nous vivons en pleine science fiction. Mais le souligner est aussi inattendu, sinon risible, que de porter aux nues sur un ton révérenciel les réseaux de communication téléphonique par satellite. Voilà pourquoi la science ne peut être la religion du XXIe siècle. Les bienfaits de ses acquis, impensables il y a une décennie à peine, sont si transparents qu'ils n'avivent pas notre goût du mystère, ne suscitent pas la tension du désir, soit du manque, et sont banalisés dès leur apparition. Alors qu'ils transfigurent nos vies.

Il y a presque un an déjà, au printemps 2006, je me suis envolé vers Paris pour y atterrir après quelques six heures de vol. À l'époque de Lafayette, la traversée de l'Atlantique pouvait durer plus d'un mois. Un groupe de chaleureux amis -- connus sous les pseudos Sarahh. Bienveillant, Cheyenne, Buttineur et Sabine --, avec lesquels j'avais pris contact sur MSN au cours des semaines précédentes, m'a accueilli à la terrasse d'un bistro en m'offrant une bouteille de champagne en guise de cadeau de bienvenue. J'ai demandé au garçon, qui a fait preuve d'une aimable complaisance, s'il pourrait mettre ledit champagne au frais pour nous le proposer à tous au dessert, ce qui m'éviterait de sombrer dans les affres d'un alcoolisme solitaire. À l'arrière plan, nous entendions les échos du match de foot à la télé entre la France et l'Espagne, les hourras des supporters couvrant la conversation par déferlantes successives avec des accents de corrida.

Une fois la note réglée, nous avons roulé sur les boulevards de la Ville lumière où les fêtards en liesse célébraient la victoire de la France. Autour de nous, le flot de la circulation filait allègrement dans un concert de klaxons. Certains enthousiastes cabrés sur le rebord de la fenêtre avant, brandissaient à bout de bras le tricolore en gloire. La soirée s'est terminée aux pieds de la tour Eiffel qui campait au-dessus de nous son immense entrejambe. Elle dressait dans l'ombre chaleureuse d'une soirée de juin sa tête altière, hérissée d'antennes et dardant les faisceaux lumineux de son double gyrophare. Issus d'un incandescent diadème ils balayaient largement la nuit étoilée. Sa masse monumentale dont les courbes convergeaient avec grâce vers son pinacle perpétuait à notre bénéfice le souvenir d'un Âge de l'acier et de la vapeur où la technique affirmait sa foi puissante et naïve pour marquer jadis le bicentenaire de la Révolution. Et au moment des au revoir, je savais que Français d'Europe et d'Amérique, fils et filles d'un nouveau siècle, nous étions citoyens du Monde, réunis aux pieds de cette colossale et scintillante maîtresse, à cette croisée des chemins, à cet instant fugace, par la toile immatérielle de l'Âge de l'information tout à la fois point de convergence et point de départ vers l'inédit.

3/24/2007

Pascal Sellier : Dialogue philosophique - Prise II


Pascal Sellier a écrit :

Cher André,

Mille excuses pour ce long silence. J’ai été, outre de nombreux déplacements, pris par une intense activité ces derniers temps.

Ajoutez à cela un problème de configuration sur mon ordinateur portable qui m’empêche désormais de consulter ma messagerie Hotmail (d’où ce changement d’adresse email) et vous obtenez une réponse très tardive, ce dont, j’espère, vous voudrez bien me pardonner.

J’ai vu sur votre site que vous y avez déposé notre correspondance en me dotant au passage d’un amusant pseudo.

Dans le dernier mail que j’ai pu lire, vous me proposiez donc de poursuivre. Que poursuivre ? Nos récentes digressions quasi philosophiques sur la fessée et ses corollaires sexuels ? Ou le jeu épistolaire que je vous proposais, soumettre aux fantaisies de l’autre une héroïne sortie de l’imagination de l’un ?

Je vous répondrais, gourmand « les deux, mon Général ! » tant l’un et l’autre me tentent et sont liés dans mon esprit.

Attaquons si vous le voulez bien, le versant philosophique, avant que je ne vous livre celui, plus sinueux et délicieusement vallonné de l’héroïne que je vais vous confier… et qui, je le crois va vous séduire…

Vous souhaitiez naguère, je crois, converser avec moi via une Webcam, objet dont je suis, hélas, dépourvu pour que nous fassions connaissance plus avant. Nous allons donc devoir nous passer de la vue des yeux et nous contenter de celle de l’esprit.

Je suis, néanmoins embarrassé pour vous parler de moi sans vous mentir ni vous froisser par manque de confiance.

Certes, il me serait extrêmement facile de vous bobarder, ou, au moins travestir la réalité.



Je ne puis, intellectuellement m’y résoudre. Pas plus que je ne souhaite vous en dire beaucoup sur moi.

J’exerce un métier public (journaliste) dans lequel tous les comportements de chacun sont épiés, disséqués. La moindre anecdote est reprise, colportée, amplifiée, et déformée. Alors, risquer de voir se répandre dans mon entourage, les ragots que ne manqueraient pas de colporter quelques fâcheux, s’il leur venait aux oreilles que je fréquente tel ou tel forum voué au culte de rondeurs callipyges zébrées, rougies et malmenées. Les bûchers seraient en outre, sûrement ranimés, s’il s’ébruitait que le pervers que je suis, non content de tourmenter d’accortes jeunes femmes dans des jeux peu courants, voue un culte aux ruines de Sodome.

C’est un risque que je ne peux courir, quelle que soit l’estime que je puis éprouver pour vous par ailleurs…

J’espère que vous le comprendrez, mais je ne vous en voudrais pas si vous me tournez le dos.

Je suis Parisien de naissance et j’ai 45 ans. Je ne suis pas de formation littéraire, mais économique et juridique. Mon métier actuel est le résultat d’une rencontre, comme parfois la vie en réserve, avec un homme de grande valeur dont la seule faiblesse que je lui connaisse est d’avoir eu celle de se prendre d’amitié pour le petit Golden Boy pédant que j’étais il y a vingt ans. C’est avec lui que j’ai goûté pour la première fois aux délices du fesseur et aux jeux du Marquis qui ne sont jamais sortis de ma vie depuis.

Sa disparition il y a deux ans m’autorise à vous le dire aujourd’hui, sans trahir sa mémoire. C’était un éminent membre du cercle très fermé des grands auteurs qui sont étudiés durant l’agrégation de lettres modernes. Il n’est à mon sens pas nécessaire d’en dire plus sur moi. A moins évidemment que vous ne souhaitiez m’interroger sur un aspect particulier de ma vie. J’y répondrais volontiers, tant que vous me permettrez de garder un anonymat, loin de toute préciosité. Un anonymat que je comparerais au loup des carnavaliers de Venise, bien dans le ton de notre correspondance.

J’ai, d’ailleurs, souvenir d’une nuit au Cipriani, qui m’a procuré une de mes plus belles jouissances Sadiennes. Je vous la conterai un jour.

Mais, revenons à nos moutons, ou, plus exactement à nos brebis… et au cri de révolte que je vous ai adressé il y a peu : Oui au sexe avant, pendant et après la fessée !


Investir de doigts, verges, langue ou de tout autre objet les orifices de nos belles amoureusement fustigées serait un tabou pour ceux qui narrent, décrivent complaisamment, voire qui filment les cuisantes corrections administrées aux croupes repentantes. Dans les différents forums que j’ai pu fréquenter, ces pères l’impudeur, ces pères fouettards s’offusquent et condamnent … les proviseurs, tuteurs et amants qui, après la punition, accordent pardon, rédemption et surtout joie et volupté en échange de la reddition des susdits orifices. Voilà ce qui me navre. Il n’en est pas moins vrai que le consentement mutuel est, et doit rester la base de cette relation…N’oublions pas que ce théâtre sexuel où tout est de convenance constitue bien une fiction…. (Dans Le silence des agneaux, quand Anthony Hopkins mange un foie humain, c’est pour de faux…)

Allons André, continuons à nous faire plaisir …

Avec mon amical souvenir…

A. Gilles LeDoigt

PS : A très vite, pour que je vous « présente » votre future héroïne, Juliette... actrice de son état (sourire...) et épouse d’un milliardaire pervers qui lui a fait découvrir et accepter des penchants pour des plaisirs que nous affectionnons.

André Martinet a écrit :

Cher Pascal,

À la question « Que poursuivre, jeux épistolaires ou digressions quasi philosophiques ? » je réponds également et d’enthousiasme : « Les deux, mon général ! » et nous nous rejoignons dans nos conclusions.

Merci des indications que vous me fournissez sur votre mentor. Un être d’exception dont la présence dans votre vie confirme que notre autre façon d’aimer peut être le fait d’un homme de valeur et de qualité.

Quant à la nécessité d’avancer sous le masque dans ce carnaval de tendres débordements, d’intimités extrêmes, sensuelles et consensuelles, elle est de nature et, pour ainsi dire, de tradition. Nos bonheurs un peu particuliers mais O combien ardents et, oui, généreux s’ils sont correctement vécus, se situent aux antipodes de l’exhibitionnisme-voyeurisme de la reality TV , tout comme de ces émissions burlesques dont les invités s’empoignent et s’étripent à l’instigation de l’animateur et dans un concert de sifflets, de huées et d’applaudissements… lors d’algarades entrecoupées de pubs où l’on prétend régler ses histoires de fric ou de fesses avec perte et fracas devant deux millions d’auditeurs.

Non seulement l’anonymat sous lequel nous prenons la parole nous protège-t-il des ragots du tout venant, des coups fourrés des tartuffes. Il permet à nos lecteurs d’apprécier, ou non, mais avec le bénéfice d’une discrétion qui leur convient également, les idées et sentiments, inclinaisons et voluptés mises ici de l’avant avec une liberté toute citoyenne, dans le respect des droits de chacun(e) et sans outrage à quiconque. Car s’il nous plaît de froisser un peu les convenances, de trousser, de déculotter à l’arrachée la langue française pour mieux la faire palpiter et couiner, d’empaumer son entrecuisse comme celle d'une demoiselle pour la toucher au cœur, de titiller de la cravache sa croupe altière et dodue pour mieux en châtier le style et éveiller en elle la cavalière pouliche qui dort, notre honneur s’appelle ardeur amoureuse et intégrité intellectuelle.

Ainsi allumerons-nous grâce à la toile lumineuse du net, mille feux de joie d’où rayonnera une conception plus franche d’une variante de la volupté, d’une autre façon d’aimer à laquelle nous donnerons la parole. Ainsi multiplierons-nous les contacts entre partisans de l’amour ardent qui ont le courage de leur sensualité et le souci du bonheur d’autrui. Ainsi éclatera dans un réjouissant carnaval de dérèglements polissons mais bon enfant… la pluie d’or des artifices qui comblent notre cœur et dont ils sont le langage, les feux de bengale des ingénieuses inventions qui visent à renouveler avec celle qui n'est pas que de passage le frisson initial du premier congrès dont la nostalgie nous étreint. Ainsi serons-nous libres, libérés et libertaires, mais jamais libertins.

C’est également l’esprit dans lequel je concevrais notre collaboration littéraire. Au-delà des réalités corporelles, anatomiques, dont le registre un peu court s’épuise vite malgré les ressources verbales que notre métier met à notre disposition, ne devrait-elle pas peindre l’univers des sentiments et des valeurs liés à cet érotisme ? Comme le sait un praticien averti, loin de relever d’un égoïsme primaire, d’une complaisance dans la trivialité, d’un outrage à une hygiène physique et mentale de sens commun, nos préférences peuvent exprimer une conception toute nuancée et bien altruiste des relations interpersonnelles. Cette mélodie modulée conjugue les accents du corps, du cœur et de l’esprit, s’interprète pianissimo et évite les paroxysmes trop évidents, les hyperboles ras-le-bol. Nous rejoignons-nous dans nos visées ?


En ce qui concerne le purisme voulant que l’érotisme de la fessée ne puisse se conjuguer avec les autres expressions de l’amour par l’effet d’une sorte de monomanie, il ne me semble pas l’avoir fréquemment observé parmi le cercle de mes connaissances qui partagent nos convictions. Peut-être faudrait-il inscrire le tout au passif d’un érotisme XXX simplissime dans sa conception et dont les scénarios primaires nous accablent l’un et l’autre… ou y deviner la regrettable incidence d’amours de passage trop fugaces et superficielles pour que le langage des corps y exprime quelque sentiment. Et la tendresse ? Bordel. Voilà qui ferait un bon titre de film et me ramène aux préoccupations proposées ci-dessus.

Au plaisir de vous lire, le tout au bénéfice de nos internautes également anonymes, mais bien présents, si j’en crois mon conteur qui s’incrémente in…ex…or…able…mang.

André Martinet

3/20/2007

10 000 pages lues depuis décembre 2006


10 000 pages lues depuis décembre 2006. Aficionados de toutes provenances. La France est bien représentée, ce qui est naturel, vu la langue. Merci !


Et si je peux me permettre une suggestion, chers amis, j'aimerias être au bénéfice de vos commentaires. Les observations et critiques, c'est toujours un peu le meunier, son fils et l'âne. On s'expose à les solliciter. Y a-t-il de la fessée dans l'air ? J'assume le risque. Et le droit à l'éclectisme pour ce qui est d'obtempérer ou non. À bientôt.

3/16/2007

Chantal... dans sa splendeur ! - Prise I



Voyez-la, livrée et offerte sur l'autel d'amours toutes particulières. Admirez la profonde médiane, la raie du cul bien largement ouverte, à l'horizon de la croupe épanouie qu'elle fend tandis que la demoiselle rend hommage à l'homme auquel elle a choisi de se livrer flambant nue. Caressez du regad le bombé avenant des hanches, le retroussé des lombes et des reins s'articulant sur la taille gracile pour mieux se creuser, le tendre et rose sillon de la colonne vertébrale, les épaules qui se déploient, les bras potelés, les doigts maintenant sages, agiles et déliés de nuit... la crinière brune, bosquet sauvageon où l'on voudrait faire courir amoureusement ses doigts avant de l'empoigner manu militari, à pleine main.

Gageons que les aventures de la coquine aviveront notre curiosité dans les jours qui viennent. D'autant plus que cette élève a la tête bien faite et assez pleine merci, apprécie notamment Krishnamurti et aspire à maîtriser l'art de l'écriture... la règle grammaticale devant sans doute être appliquée à posteriori lorsque la copie rougit de honte. Si elle convient de s'inscrire en pension, d'apposer sa signature au contrat de tutelle, son pseudo sera Enya.

À suivre. Car renseignement pris, après un jour et une nuit de déchaînements complices, un échange de vues aussi pertinent que possible lors du petit déjeuner des champions et des championnes et une étreinte caline nous lovant l'un dans l'autre à l'heure du départ... tout l'être résonne comme un gong jusqu'en fin de soirée.

3/03/2007

Instincts pervers !


Basic Instinct II sacré navet de l'année
Quinze ans après Basic instinct, premier du nom, la suite a valu à Sharen Stone le titre de Pire actrice de l'année.
Basic Instinct II a été la vedette des 27e Golden rasberries Awards, parodie des Oscars qui couronne chaque annnée les plus imprésentables nanars d'Hollywood. Trois autres Razzies (framboises) lui ont été attribuées : Pire film de l'année, Pire scénario et Pire suite. Le film était nominé dans sept catégories.
Comme quoi y'a pas qu'avec les bons sentiments qu'on fait du mauvais cinéma. Et cette royale fessée s'avérera sans doute salutaire. Du moins, c'est la grâce que l'on souhaite à la donzelle dont la maturité n'est pas dépourvue de charme, sans lui imposer l'obligation morale de s'illustrer dans Le dialogue des carmélites pour se refaire. Tirons un voile.