À l'ombre des jeunes filles en fruit

Quel charme trouble dégagent ces demoiselles parvenues à maturité et dont les comportements appellent encore des mesures que l'on croirait être le fait de la prime jeunesse ! Un éducateur expert saura conjuguer tendresse et rigueur à leur bénéfice et voilà ce qui fait l'objet de notre réflexion.

2/28/2006

Le maître de musique


Elle est drapée en équerre sur la cuisse gauche du Maître, le torse profondément basculé vers l’avant. S’étant laissée choir presque à la verticale, Anne est maintenant invisible et entièrement submergée par la jupe flamenco à volants froncés vermillon, dont la corolle a été troussée d’un geste impérieusement viril il y a un instant et dont la floraison recouvre l’élève tout entière de ses replis. Au sol, dépassant du rebord inversé de ces somptueux pétales, on aperçoit la coulée sinueuse de la chevelure acajou parcourue de luminosités chaudes qui s’entremêle au délié des bras, des coudes cherchant à tâtons leur point d’appui, des mains qui courent sur le sol en tentant d’agripper le tapis ivoire à poil long.

Côté jardin, le jupon double à volants de popeline d’un blanc crémeux se déploie en une auréole au cœur de laquelle émerge la plénitude ainsi couronnée des reins en guitare et la rondeur vibrante de la croupe à la fois vive, ample, délicate et spirituelle. Dodue à souhait, rosissant avec toute la pudeur de l’innocence outrée, celle-ci se propose et se présente en astreinte, encore animée de frissons de rage qui font suite au premier instant d’humeur où la mise en cambré et les ruades ont exprimé l’étonnement de l’intéressée devant la tournure inattendue que prend cette leçon particulière.

Le popotin se dodeline, se contracte, se bombe imperceptiblement, l’action des muscles, la tension des articulations faisant frémir son arrondi, tandis que le bas ventre de la débutante trouve appui sur la jambe de son Maître, robuste comme un tronc, sûre comme une poutre. Les deux amples colonnes blanches des cuisses de l’élève sont fermement enserrées et assujetties entre celles de l’homme mûr qui leur font étau, musclées sous le pantalon de cuir noir dont la matière noble, troublante, sombrement évocatrice de motards et de loubars exprime bien l’incontournable autorité qui affirme, aujourd’hui, ses droits.

-- Pourquoi n’avez-vous pas travaillé vos gammes cette semaine ? Je vous ai assigné un exercice de base. Gamme majeure, avec points de départ sur la sixième et troisième corde, dans toutes les tonalités. Une heure par jour à tout le moins. Quoi de plus clair ?

Inscrite au programme Guitare 101, elle s’imaginait tirer de sa Yamaha flambant neuve – instrument de belle qualité pour une première initiation -- des accents fougueux ou lyriques, cristallins ou chaleureux par l’opération de l’Esprit, pour ainsi dire. La somme de travail requise d’entrée de jeu surprend, rebute cette habituée du Walkman. De l’amoncellement coloré sous lequel est submergée notre artiste s’élève l’objection affirmée.

-- Ça fait mal aux doigts ! Car le premier contact des cordes de nylon, des basses rainurées à filet rond qui chuintent sous le mineur et l’auriculaire, s’est révélé étonnamment pénible pour une main délicate, une volonté jusqu’ici peu trempée, un tempérament laissé en friche.

--Ça les massacre. Ça blesse la pulpe. À la fin, je les avais tout rainurés.

-- C’est la douleur que vous craignez ? C’est elle qui vous interdit cet effort minime ? Répond le pédagogue, inclinant le haut du corps et proposant au regard de la demoiselle, embusquée sous l’ample parasol de ses jupes, sa main gauche dont chaque doigt cornu, musclé, agile, a été rompu à l’exercice par des heures, des mois, une vie de fervente et tenace répétition.

-- Apprenez à souffrir un peu, mon petit. Prix de l’art. C’est un travail sur l’instrument donc sur soi le saviez-vous ? Si c’était facile, ce ne serait pas amusant. Vous cédez au premier obstacle ? Il faudrait plus de courage ! Vos doigts s’habitueront à la rigueur des cordes si vous savez vous y astreindre un peu régulièrement, tandis que vous maîtrisez le ba-bé-bi-bo-bu de cet apprentissage.

Joignant le geste à la parole, le Maître ponctue le « ba-bé-bi-bo-bu » en appliquant, des griffes de lynx qui ornent sa droite, un petit chapelet de pinçons dont les piqûres alignées sur l’équateur de la planète livrée à merci suscitent des protestations voilées provenant de la masse maintenant virevoltante des jupes retournées tandis que le joli cul se révulse, en proie à une ondoyante ruade.

-- Et ça fait mal à l’avant-bras !

-- Vraiment ? répond-il d’une voix maintenant d’acier. Vous êtes complaisante. Sans muscle. Sans nerf. Trop de facilité. Vous êtes une fille facile.

-- Je ne suis pas une fille facile ! proteste la débutante outrée, d’une voix maintenant vacillante où pointe l’angoisse. Elle adresse cette ultime déclaration de la pénombre où la confine le large drapé du vêtement tout entier retourné et dont la cloche sombre, l’horizon clos concentre maintenant sa réflexion sur sa bourde la plus récente. Le clair-obscur où elle se trouve recluse accentue encore pour elle la nudité de sa croupe en saillie, toute dénudée, toute livrée et toute abandonnée. Comment pourrait-elle ne pas prendre acte de cette capitulation imposée manu militari à sa chair que caressent les déplacements mutins et fugitifs de l’air ambiant marquant l’impérieuse gestuelle du Maître lorsque ce dernier ponctue son propos en effleurant de la main le derrière alerté par ces frôlements et dont les friselis annoncent l’appréhension de mesures plus affirmées.

Ce disant, le Maître empaume d’une main largement ouverte, de ses doigts rayonnant en éventail, le galbe rose et bombé témoin d’innombrables gourmandises et même de paresses alanguies, et qui sait peut-être aussi d’une complaisance habituelle dans des voluptés de couventine dont le fruit est maintenant proposé à son regard critique. Il le palpe. Puis, ses doigts s’incurvent recueillant la chair à pleine main pour en apprécier le dodu, la tendreté, comme un amateur déterminant la maturité d’un avocat.

-- La guitare espagnole est une leçon de beauté fougueuse, Mademoiselle. Aussi, de ténacité et de courage pour celle qui prétend s’initier à cet art. Jamais l’un sans l’autre. Vous devez remuscler main, poignet, avant-bras ? La belle affaire. Ce ne sont pas les coulisses de l’exploit. Puisque vous semblez rétive à son apprentissage et m’avez confié la tâche de vous l’inculquer, je dois vous guider… je vous guiderai, pas à pas, en révisant la leçon du jour.

Et joignant le geste à la parole, le Maître amorce la démonstration.

-- Do… comme la docilité que vous devez me témoigner en exécutant à la lettre mes instructions et que je saurai obtenir de vous.

Le bras s’élève lentement par-dessus l’épaule la paume large comme une rame les doigts tendus. On croirait voir un nageur pratiquant la brasse, prêt à amorcer le mouvement qui le propulsera. Et lorsque jaillit l’énergie contenue jusque là, maintenant libérée des muscles sous tension comme un ressort, le bras se déclenche, la main s’abat, giflant puissamment le joufflu rose qui blêmit sous le choc, se crispe puis se distend sous l’onde qui le parcourt, tandis que les cuisses trépignent, saisies dans le carcan qui les confine, et le tortillement des hanches tente de désengager le corps assujetti. Mais la main gauche plaquée sur le creux du dos fait abandonner à la rebelle toute velléité de résistance tandis que se poursuit la leçon si brillamment amorcée.

-- Ré… soit la réprobation dont votre paresse fera l’objet dans notre conservatoire.

Et cette fois, la main magistrale s’élève au plus haut tandis que le Maître contemple la plage rosacée imprimée par la première application et qui laisse deviner le cuisant souvenir qu’elle procure à la fautive. Pour ne pas faire de jalouses et répartir sur toute la surface du derrière délinquant la rigueur de la démonstration il abat délibérément sa puissante patte sur l’autre coussinet livré à sa fermeté et une fois la vigoureuse claque appliquée, crispe les doigts, ancrant légèrement les ongles tout autour de la chair assaillie, empoignant le bourrelet pour lui prodiguer la bonne et pleine mesure de sévérité qui lui revient.

-- Mi… qui évoque pour moi la misérable flemmarde dont la paresse l’amène à se trahir elle-même et à bafouer mon enseignement.

À ce mot de paresse la pupille outrée tente de s’extraire du drapé qui la piège en battant des bras à l’aveugle comme un papillon capturé dans une nasse. L’ample tohu-bohu du vêtement rappelle les voiles à demi carguées d’un navire au long cours ballottées sous le roulement gris acier d’un ciel lourd d’orage que parcourent en rafale les éclairs encore diffus, tandis que l’ouragan menace et la voix du capitaine ordonne, guide, tance l’équipage. Pour calmer cette furie naissante, le Maître desserre les cuisses, libère les jambes d’Anne. Encerclant du bras la taille de celle dont il veut faire sa protégée et son émule, il l’amène à pivoter sur la gauche la contraint à chevaucher sa cuisse, à la monter comme un cheval d’arçon, ce qui écartèle largement son intimité et l’invite à en révéler les trésors.

Scrupuleusement épilés, l’anus, le sexe se présentent dans leur splendeur native, glabres, libérés du maquis dont la disparition révèle l’organique et élémentaire beauté qui ramène le corps à son état sauvage. L’index du Maître, maintenant délié, adroit et tendre, change de registre et affleure moderato, parcourt en vibrato le cœur de l’entrecuisse, là où le fripement de l’épiderme en marque le point central, progressant avec une indicible lenteur de l’anus en bouton qui se contracte devant une incursion appréhendée jusqu’à bijou naturel dont le déploiement appelle des soins plus particuliers assurant la récompense de sa floraison.

-- OUIIII ! jaillit de la robe, déployée comme la grande tente d’un cirque où le spectacle s’ouvre en parade sous les feux de la rampe, l’assentiment dont les cuisses tressautantes confirment l’insoutenable urgence. Tandis qu’un envol d’étincelants délices parcourt dans tous les sens et en toute indécence le petit ventre rond d’Anne qu’il enchante de son papillonnement, une onde de volupté, plus profonde, plus élémentaire et fulgurante annonce la montée d’une glorieuse nécessité, la contraction prochaine du cœur de son cœur qui ne demande qu’à s’accomplir. Et le doigt magistral inculque aussi cette leçon essentielle là. Il en démontre le bien-fondé en s’immisçant entre les tendres lèvres de ce second visage, de cette face cachée hier, révélée aujourd’hui, départageant leurs doubles replis, explorant toute la profondeur veloutée, rose comme une conque dont elles marquent la voie d’accès, lui prodiguant un somptueux hommage sous forme d’une infime et aérienne rotation dont la patiente, et invitante, et subtile, et insistante rythmique provoque un irrépressible dégorgement de liqueur.

-- OUIIII ! se renouvelle l’appel à l’amoureuse euphorie qui parle haut, qui parle fort, qui marque paradoxalement le point d’orgue de ce ballet des rigueurs, tandis que l’instant béni où la volupté se déchaîne approche; tandis que le halètement du souffle, le battement accéléré du cœur, la sudation qui perle et lustre l’épiderme de cette croupe maintenant fort cavalière, l’ivresse des parfums ensauvagés, le déchaînement de toutes les impudeurs, la cadence artistement maintenue de l’adroite caresse témoignent d’une véritable science partagée de l’extase. Tant et si bien que toutes ces splendeurs conjuguées font monter au ciel d’amours o combien visionnaires l’étincelante fusée qui, parvenue au terme de son ascension, fait jaillir et éclater ses feux crépitants et sifflants en une richissime, somptueuse et incandescente pluie d’or rose, jaune et blanc qui se déploie pour couronner la nuit émaillée d’étoiles comme si elle rêvait de les éclipser avant de s’abolir dans un murmure de gratitude.

Ils ont quitté leurs rôles. À la sono, Johan Fostier, variations sur Folia de España et Fugue. Le fruit d’un petit miracle de travail. Il lui propose un verre d’Aveleda, un vino verde portugais, finement mousseux et dont la saveur de pomme verte se marie avec un rare bonheur aux canapés de fruits de mer qui l’accompagnent.

-- Deux crevettes qui se font minette sur une bouchée dévergondée, lui chuchote-t-il, en lui tendant l’amuse gueule où, sur un craquelin, deux crevettes roses s’étreignent, cœur à cœur et tête bêche, lovées l’une dans l’autre, le tout orné d’un fin triangle de concombre et d’un brin de persil. Elle accueille d’enthousiasme cet en-cas, ouvrant un large bec. Et il annonce la suite.

-- Taramosalata et amandes effilées ? Elle opine du minois avec un appétit contenu, mais évident.

-- Et je t’inspire ?

--Toute la gamme des sentiments qui font vibrer le corps d’une femme, j’espère bien, lui répond-elle du tac au tac, en lui décochant un regard de braise par en dessous, plein d’une réciprocité qui ne demande qu’à se démontrer.

Certains des graphismes illustrant cette page sont tirés du site de Red Charls http://red.charls.free.fr/galeries.php?theme=La%20Place%20Rouge, avec nos remerciements.

2/24/2006

Banzai !




De quels écarts, quels grands écarts la chambre d'une jeune fille n'est-elle pas le lieu, le théâtre, l'antre et le repaire ! Sans vergogne, sans excuses et sans explications. Voyez ce regard insolent, ces seins qui débordent le polo shirt troussé pour que leur extrémité sombre et délicieusement innervée soit plus disponible aux caresses préliminaires. Voyez l'entrecuisse déculottée, flambant nue et dont l'écartèlement extrême ouvre la voie à toutes les impudeurs. Voyez la main gauche tendue comme celle d'un pianiste à la recherche d'un arpège astreignant, dont l'index et le majeur ouvrent les lèvres du sexe féminin déjà ému, tout soyeux, et dont l'antre fripée est lustrée de sève. Oeuvrant avec une merveilleuse entente, la droite quant à elle introduit dans l'orifice d'un rose bifteck sombre et moiré, le gland rondelet et globuleux du gode rouge vin dont la hampe turgescente, la fermeté, la rondeur tendue, veineuse et rebondie, la protubérante extrémité sont bien celles d'une véritable bite et présentent les dimensions d'un étalon de démesure, notre pupille n'oeuvrant pas dans la litote. Tant et si bien qu'on croirait deviner là l'outil puissamment arqué d'un Satyre... ça pousse-pousse... Satyre... ça pousse-pousse ! Tandis que s'amorce cette saucissonnade, la demoiselle fait délicatement aller et venir le godemiché aux abords de l'orifice lippu, auréolé et orné d'une pilosité naissante, noir de geai. Elle l'introduit dans l'antichambre et l'invite à se retirer sur le seuil un bref instant pour faire de nouveau son entrée remarquée en ce lieu qui ne demande qu'à l'accueillir. Cette gourmande gourgandine est un gourmet. Comment féminiser ?

Le mouvement alternatif de traction, de pression s'accompagne d'une infime rotation horaire et antihoraire, rondement et gracieusement imprimée d'un coup de poignet souple, d'un tour de main adroit, qui lui confère un surcroît de dynamisme, de délié dans les enchaînements, un surplus d'allant annonciateur du crescendo qui s'amorcera bientôt. Voilà une technique consommée qui ne s'acquiert qu'à l'exercice, une recherche sûre de ses moyens, une science qui ne peut être que le fruit d'une mûre réflexion. Voilà une inconduite toute préméditée et méthodiquement mise en oeuvre, dont les délices longuement attendus sont maintenant savourées avec le raffinement d'un tâste-vin, d'un connaisseur, d'un gastronome... soit d'une gastronomette, d'une gastronomeuse, d'une gastronomière, bref d'une gastrofemme. Voilà, dis-je la masturbation conçue comme l'un des beaux-arts !

Et plus la réflexion s'approfondit, plus l'alternance s'accélère, plus l'extase transporte hors de soi et du monde notre postulante en quête d'un paroxysme transcendant. Ah que la chair est belle, vive, parle fort et réclame impunément ses droits quand elle a dix-huit ans et célèbre le prometteur avant-goût de la maturité ! Ah l'instant où la montée hormonale emporte l'imaginaire sur le chaleureux océan d'une volupté ascendante ! Il invite l'aventurière à lever sa voile et à tout dévoiler comme si elle était violée, pour mieux s'envoler. Ah que l'urgence du désir couine, gémit dans un premier temps ! Puis d'une voix plus insistante elle clame et marque la venue du moment psychologique, pour bientôt se déchaîner de plus belle, tandis que comme une boule de plomb en fusion tournoyant au coeur du poitrail se prépare le hurlement éperdu qui tout à l'heure se fera entendre, et dont il faudra bâillonner l'aveu en serrant désespérément les dents comme une brave fille pour ne pas trop éveiller les soupçons des bonnes familles.

Une fois lancée, la voluptueuse mécanique adopte son rythme de croisière et tourne comme une montre suisse. De son bon fonctionnement témoignent l'entrée et la sortie, l'allée et la venue, l'excursion et l'incursion du godemiché, de l'organe mobile et cylindrique qui se meut dans le tube frémissant et onctueux du sexe et dont le mouvement alternatif porterait à croire que l'étincelle du plaisir enflamme en son tréfonds la folie qui le propulse vers l'extérieur tandis que la bielle du poignet l'y réintroduit par un mouvement circulaire d'une insistante énergie tandis que le régime s'accélère imperceptiblement tandis que l'apogée s'annoce, se rapproche, surviendra très bientôt...

Mais, car il y a un mais, par la fente de la porte entrouverte fuse, s'insinue, plombe, le regard de grande soeur. Que de souvenirs évoquent pour elle l'âpre vivacité des couinements qui fusent de la chambre presque close, les halètements qui traduisent l'effort exigé par l'exercice et que notre marathonienne consent d'enthousiasme, le grincement cadencé du sommier où la croupe se cale, se cambre et se dodeline, toute la succulence des glapissements qui s'échappent de la gorge de la jeune femme, les clapotis à peine perceptibles du coulis poisseux qui lubrifie les pistonnantes allées et venues dont le rythme se précipite.

Il ne reste plus à soeur aînée qu'à déterminer le moment de l'intervention. Avant que ne soit consommée la faute ? Pour que petite soeur soit menée au salon manu militari, au trot, encore toute révolutionnée, cul flambant nu, sexe en délire, jambes flageolantes, ses socquettes patinant et dérapant sur le parquet dans un concert de cris larmoyants, de protestations, impitoyablement et magistralement entraînée par sa crinière noire et touffue saisie à pleine main ? Ou serait-il plus subtil d'attendre que son vice trouve son objet, que la faute s'accomplisse, de rester tapie jusqu'à ce que la coupable s'endorme, sa chair repue, épuisée et le gode abandonné sur la moquette. Puis de pénétrer dans l'alcôve à pas de loup et de poser sur son front fiévreux un baiser imperceptible, léger comme une aile de papillon. À l'instant du réveil, la foudroyer silencieusement du regard ? Différer jusqu'au soir l'application du châtiment dont la sentence sera dûment prononcée en conseil de famille ? Laisser longuement planer l'angoisse, pour qu'elle la savoure mieux. Aviver sa faim en la privant de sushis, mais non de soucis quand vient l'heure du repas du soir. L'enfermer nue dans sa chambre, jusqu'à ce que sonne le gong, le glas du châtiment ! Devinez quelle solution découle naturellement d'une finesse d'esprit tout orientale.

Drapée dans son kimono des grands jours, car ceci en est un, Petite Fleur se penche, sur l'ordre calmement chuchoté, et pose ses coudes contre la table laquée noire. Elle baisse les yeux pour porter son regard sur l'instrument interdit placé devant elle et qui, encore tout odorant, dégage le souvenir de son parfum intime.

-- Pointes, indique grande soeur. Instruction d'usage qui ne saurait se discuter sans encourir une fouettée franchement sauvage, appliquée à la baguette qui est toujours en réserve, n'en doutez point, châtiment réservé de tradition aux geishas rétives. La penaude se dresse donc comme une ballerine et fait des pointes, en socquettes blanches, ce qui l'amène à tendre les muscles des jarrets et des cuisses, à surélever et à bomber la croupe encore drapée sous le kimono rouge dont le fin tissu ne dissimule rien de la double rondeur ainsi mise en évidence. Elle creuse les reins corsetés par la large ceinture bouclée, l'obi, qui orne ses lombes.

Ne pas tourner la tête, voilà l'instruction précise communiquée lors du prononcé de la sentence. Ce jeu du chat et de la souris vise à cultiver l'incertitude, donc l'angoisse suscitées lors de la correction, ce qui rend celle-ci d'autant plus efficace, sans que l'éducatrice doive recourir à la cruauté. Enfreindre maintenant cet ordre strict aggraverait d'une outrageante insolence le bilan déjà alourdi de la journée et c'est, justement, l'obéissance que sollicite cette restriction. Astreinte à ne regarder que droit devant elle, notre Mademoiselle Butterfly sent le pan soyeux, aérien du kimono lentement retroussé, à partir du niveau des chevilles où se situe l'ourlet, tout le long de ses mollets tendus, de ses cuisses sagement pressées l'une contre l'autre. Puis le contact de la petite paume moite et potelée qui semble recueillir le dodu du pli sous-fessier tandis que les doigts agiles s'immiscent, et se glissent entre le tissu et la chair nue pour relever aussi délicatement, aussi graduellement que possible le vêtement dans une longue, tendre et chaleureuse caresse qui parcourt le bombé des fesses, le bas des reins, les lombes et jusques aux hanches. Oeuvrant maintenant des deux mains, grande soeur trousse, hausse et amoncelle le vêtement à mille plis sur les lombes, tout contre l'obi. Elle le drape par dessus l'énorme noeud décoratif qui orne l'arrière de la taille, afin de dégager complètement et d'exposer, de dénuder, de livrer à la discipline la croupe ovoïde qui lui est présentée, encore tout émue d'un bain très chaud. La chair épanouie, basanée, musclée par le tennis et la gym, est exposée au vent coulis qui s'immisce par l'interstice des cloisons et la parcourt, comme une haleine. Lorsque la demoiselle abaisse un talon, puis l'autre, pour soulager un instant ses mollets douloureusement endurcis par l'effort soutenu des pointes, son turlututu se dodeline, oscille presque imperceptiblement ce qui porte les miches gauche et droite à se contracter et à se dilater, à s'affermir et à se détendre en alternance, dans un charmant tango des jours amers que suscite l'éducatrice par l'ordre, justement, de se présenter en ballerine.

Quel objet grande soeur recueille-t-elle du bout des doigts sur le meuble attenant et saisit-elle pour en soupeser le poids ? C'est la palette à fesser que la maîtresse de la maison y a posée quelques minutes avant le début de la séance. Elle est très mince, sa forme rappelle un segment d'éventail fait de bois blanc, tendre et orné d'une geizha dont le visage peint, les sourcils froncés, les lèvres à commissure tombante expriment bien la sévérité. L'instrument est assez léger pour être appliqué avec une preste vigueur par une main de femme, et claquer magistralement, rougir et châtier un cul de jeune fille sans toutefois jamais lui infliger de blessure. Son usage communique un rappel mémorable qui frappe l'imagination d'une fautive et imprime dans son coeur l'éclatant souvenir souhaité. Bien conçue, sa surface est suffisamment longue et large pour embraser toute l'envergure d'un insolent popotin ou être appliquée en alternance, de droite et de gauche, au choix de l'éducatrice.

Celle-ci considère maintenant la cible de ses attentions prochaines et médite la marche à suivre, en se positionnant sur la gauche de la croupe si complaisamment proposée et dont le dodelinement cadencé, alternatif, invite presque à sévir. Pas une parole ne quitte ses lèvres, tandis qu'elle porte la main gauche vers l'avant et pose sa paume sur là-plat des reins. Après quoi, elle applique la surface du bois blond sur le dodu d'une miche, puis de l'autre, appuyant légèrement vers l'avant, juste ce qu'il faut pour en comprimer l'arrondi. Ainsi prend-elle la mesure de leur résistance, de leur rotondité, tandis que ces cajoleries de la surface ligneuse et fraîche du bois éveillent dans le coeur de sa jeune patiente un effroi justifié.

Alors se font entendre diverses considérations sur l'honneur de la famille bafoué, le respect de soi indissociable de la maîtrise de soi et du sens des responsabilités, toute première qualité de l'universitaire que la Miss est appelée à devenir le semestre prochain. Ces vertus sont garantes de l'assiduité dans les études dont l'importance capitale n'est plus à démontrer quand vient le monent d'obtenir un emploi, de trouver mari, de tenir son rang.

Et tandis que sont rappelés ces excellents préceptes, la droite souveraine, magistrale, brandissant l'instrument avec une inflexible fermeté s'élève, gracieuse, toute féminine au-dessus de l'épaule étonnamment musclée. Elle se dresse un instant, la flexion du poignet faisant s'incliner la férule vers l'arrière, tandis que le regard de la fustigatrice caresse et parcourt le croupion livré à merci, avivé d'un éloquent frisson. Grande soeur fait un pas de côté afin de modifier l'angle d'attaque. C'est qu'elle a résolu de fesser avec tout l'allant possible, de plein fouet et de façon aussi appuyée que faire se peut en claquant le derrière de la coupable sur toute sa largeur, de telle façon que son coup d'essai soit un coup de maîtresse.

Puis, se déclenche, fulgurant, le dynamisme retenu jusque là. Le bras parcourt en un éclair le vaste arc de cercle dont la circonférence aligne le centre de la férule sur l'anus de la pénitente formant le coeur de sa cible. L'instrument percute puissamment la chair tendre dans un éclatement somptueux et explosif. L'impact de l'implacable palette propage une onde de choc qui se diffuse sur toute l'ampleur du croupion. Assaillis, les reins se révulsent, les fesses tressaillent, les cuisses se contractent et ploient, comme pour exécuter une révérence. La mâchoire serrée laisse échapper un ARRRRGGGLLLLL !!! courageusement retenu, mais déjà désespéré et qui rappelle, dans un registre plus mordant, les rugissements de volupté entendus en matinée, tandis que la tête se cambre soudainement et les lourdes boucles de la crinière se délovent.

-- Un, murmure grand soeur, à l'oreille de sa cadette, amorçant le décompte.

2/18/2006

Folle de son cul !

Elle l'est, n'en doutez point. Mais voilà le secret le mieux gardé qui soit. Jamais elle ne laisserait soupçonner l'extrême intensité de cette inclinaison, ni les déchaînements qu'elle lui inspire depuis la toute première enfance. Et sous le masque d'une parfaite assiduité scolaire et professionnelle, d'une culture générale tout à fait conséquente pour une jeune femme abordant l'âge adulte, d'un civisme de bon aloi... crament, bouillonnent, fusent des impulsions plus nues, plus crues, plus ardentes et plus sauvages que ne sauraient imaginer ses bien aimés parents. Et ces folies ne se présentent en société derrière le paravent des convenances que pour mieux laisser éclater leur explosive insurrection dans le secret de son intimité.

Comment expliquer ce mystère inattendu ? Avec le jour, son père, sa mère lui ont-ils légué les dérives qui les habitaient eux-mêmes ? Ou, au-delà de sa plus récente naissance, les a-t-elle héritées d'une existence antérieure et de dérèglements oubliés, tandis qu'elle poursuit sous un autre visage une vie nouvelle dont le cours est secrètement infléchi et le quotidien se trouve aujourd'hui hanté par l'ectoplasme d'écarts commis dans un autre temps, un autre lieu, un autre corps et qui l'envoûtent, la tiennent fermement dans la poigne de fer de leurs conséquences, encerclent sa taille, saisissent sa nuque, l'entraînent lorsque tombe le soir dans une galopade trébuchante et haletante sur les chemins de déchaînements inédits, éclairés d'un rayon de lune oblique et glauque, dont la perspective fuyante et les aguicheries l'émerveillent, et dont la soif inassouvissable lui fait craindre les émois de sa propre chair.

Pourquoi naître, si c'est pour naître à cela ? Pourquoi vivre si c'est pour porter toute nue, comme une putain exposée sur le gibet de la passion, l'invisible joug d'un pareil esclavage ? Mais comment ne pas fléchir humblement et déclarer forfait face à l'injonction d'un destin irrésistible et qui saisit son intimité avec l'impérieuse rudesse d'un geôlier, d'un bourreau du coeur et du cul ? Comment ne pas recevoir à genoux et à pleine bouche la grâce noire de ce pain de la pauvresse que la vie lui enfourne au poing et à pleine gorge, au son des paroles de l'Institution, affreusement inversées comme une formule cabalistique : « Ceci est votre corps... livré ! » Quelles macérations, quelle discipline, quelle pénitence éteindrait la fougue rageuse qui fond sur elle dans la solitude de ses rêves pourtant amoureux, mais avivés par une sensualité si désespérément déchaînée qu'ils adoptent la forme d'un fascinant et impérieux dérèglement ? Quelle méthode, quelle conviction, quelle révélation la libérerait de cet exil d'elle-même au fil duquel ses pas s'égarent in partibus infidélium et là où la carte du tendre indique hic sunt leones. Car ils rugissent, ces fauves de l'esprit, à la recherche de son âme et ne rêvent que de saisir entre leurs crocs ce morceau de roi. Comme si elle était mise en pièces à titre d'attraction des jeux du cirque, ce qui pose la question de savoir quel Empereur a conçu ces redoutables réjouissances, quel tyran du haut de sa loge assiste, souriant, au spectacle de son équarrissement ?

Ses orifices innervés, leurs spasmes saccadés comme les lèvres d'un nourrisson qui tète, premier de tous les appétits, leur arôme intime, leurs liqueurs même la fascinent tant et si bien qu'elle les manualise et les titille, les distend et les fait rouler entre la pulpe de ses doigts odorants et poisseux, les tord, en griffe le pourtour, les explore de l'index, puis ajoute le majeur, met à l'index l'anus mirabilis, l'anus horribilis qui n'en peut plus d'être relégué aux oubliettes de l'indignité, tandis qu'elle investit et butine à l'aide de tous ses autres agiles congénères la fleur profane qui orne sa vallée des parfums, dont l'épanouissement appelle des soins particuliers et qui réclame gaillardement son dû. Parfois, elle en caresse d'abord avec une délicatesse exploratoire le pourtour, en délove et déploie les pétales, la corolle, pour mieux éveiller son appétit. Elle préfère, dans ce cas, faire naître, moderato, cultiver et solliciter lentement par ces mignardises la fascination qui bientôt s'emparera d'elle pour l'emporter au pays des cauchemars.

Et alors, monte en cette fille qui doit se perdre pour se retrouver la puissante voix d'une gouvernante allemande, ou d'une directrice à la large carrure, aux seins hénaurmes sous l'uniforme, aux mains larges comme des rames aux hanches trapues comme ces chênes que l'on n'abattra pas. Ou encore elle s'imagine placée sous la férule d'une maîtresse de discipline britannique qui fait régner sa poigne de fer sur un établissement de redressement dont la rigueur toute nordique mâte les tempéraments les plus dissipés, étrangle les insolences avant même qu'elles n'osent s'exprimer. Comme si ses ruades de pouliche indomptée, ses déhanchements de fille publique en mal de mâle appelaient un dressage conçu par une redoutable nanny rompue à l'exercice, une incarcération particulièrement restrictive, une mise en pension conçue pour sonder ces reins, ce coeur, cette croupe en cavale, lui faire avouer dans le détail toutes ses soifs goulues. Comme si ses incartades constituaient un appel au secours désespéré réclamant que d'autorité une main souveraine et un bras puissant viennent la saisir par les cheveux pour l'extirper de ses turpitudes et l'astreindre à plus de modération.

Mais les restrictions qu'elle évoque ne font qu'aviver, par l'affolement qu'elles lui procurent et qui l'éperonne encore plus amoureusement, le dérèglement de son imaginaire. Car c'est tout le long du corridor menant au sombre bureau où siège une mystérieuse et redoutable instance auréolée de crainte et de délicieuse frayeur qu'elle se voit maintenant trottiner comme une écolière irrésistiblement menée à sa correction du samedi soir sur le coup de minuit, flambant nue. Les entraves qui raccourcissent son pas et la font trébucher, le poing logé au creux de son dos et qui enferre ses poignets croisés pour mieux lui imposer une galopade éperdue en la projetant en avant, les mains musclées qui la soutiennent et la surélèvent à demi en la portant sous les aisselles, le martinet qui pour mieux la faire avancer au petit trot fustige en cadence ses miches qui se dodelinent et frémissent tandis que ses hanches chassent de droite et de gauche en alternance à chaque enjambée, le ballet de ses cuisses qui se croisent à chaque pas alors que ses escarpins patinent sur le parquet ciré car ils survolent le sol plus qu'ils ne s'y posent, toute cette équipée éperdue, bien qu'imaginaire, ne fait qu'aviver encore ses appétits.

O Kuan Yin, salvatrice compatissante, bodhisattva, mère de la miséricorde, peux-tu illuminer jusqu'au plus creux, au plus sombre, les gouffres qu'entrouvre sous ses pas le vertige des sens ? Ou abandonnes-tu au sort qui les engloutit des âmes nées pour expier les fautes qu'elles ne commettent que sous contrainte et emportées par l'ouragan d'une irrésistible folie ? O miséricorde universelle, ta mansuétude s'étend-elle à tout ce qui vit ou ne délaisse-t-elle pas sélectivement, inexplicablement, impitoyablement ces enfants de l'ombre qui la portent en eux comme un destin, un pan de nuit sans luminaires dans laquelle ils èrrent à tâtons, au fil de leurs égarements ?

Et si elle faisait taire les hurlements goguenards qui lui dictent son inconduite... en mettant son esprit à blanc ? En opérant un fondu au noir ? Silence. Rythmé par la pulsation première du battement de son coeur et par le rythme élémentaire, originel de sa respiration. Chuchotements de l'Être. Pas une pensée. Pas l'ombre d'une image. Que lui resterait-il ? Au coeur de son coeur, un océan infini, une mer étale parcourue de coulées d'aube. Si elle pouvait cesser d'agiter d'un doigt nerveux le ruisseau de sa conscience tenaillée, brouillée, perturbée, pour que l'eau apaisée présente à la lune sa face enfin étale et lui renvoie l'image sans distorsion de son disque argenté ? Tout en plongeant ses racines dans la vase de l'étang où la vie l'a sans doute plantée, si elle parvenait à amorcer la mystérieuse alchimie qui y trouvera ses sucs nutritifs en la transmuant en sève, à dresser sa tige au-dessus de la surface lustrée et foisonnante de vie de ce lagon pour déployer ses pétales sous la lumineuse caresse d'un après-midi d'été ? Ne trouverait-elle pas, alors, la paix ?








2/14/2006

Webcam

La caméra ne ment jamais... ou presque. La Webcam, sa soeur cadette high-tech dernière née, combien plus coquine, indiscrète et aussi raide qu'il vous plaira, plus fureteuse, plus voluptueuse dit, montre, démontre l'indicible. Expose l'inimaginable. Révèle ce qui reste caché aux yeux pourtant exercés des mamans les plus circonspectes, les plus strictes. Dévoile au bénéfice d'un petit ami des splendeurs face auxquelles le povre garçon ne sait plus à quel sein se vouer. Propose à distance des appas qui feraient tressaillir un archevêque et amèneraient plus d'un scoutmestre à s'activer en cadence, ce qu'on danse, à se livrer aux glissements progressifs et alternatifs de la ferveur avec une efficace et dextre discrétion jusqu'à ce que sa virilité dressée, arquée, insistante, turgescente gicle comme une bouteille de Veuve Cliquot ouverte au sabre, tandis que ses testicules velues se gonflent, tressaillent et se ballottent en cadence. Ah, la splendeur fervente d'une volcanique poussée hormonale qui enfièvre l'esprit et peuple l'imaginaire d'ectoplasmes dansants et frémissants, d'un merveilleux kaléidoscope de délices qui font grincer les sommiers des dortoirs au grand affolement des surveillantes réduites aux conjectures et à la nostalgie qui pour elles reste ce qu'elle a toujours été. Ah, l'ardeur des émois inauguraux, la facétie des sensualités initiales, des premières tentatives qui lèvent, au ralenti et avec d'interminables mesures dilatoires constituant tout le charme de ces préliminaires, avec une incertitude tout à la fois inexpérimentée et follement hardie, le rideau sur des sentiments encore mal connus, des charmes toujours vierges et qui ne demandent qu'à ne plus l'être. Comment ne pas les chanter ou se priver de les vivre ?

Coquines de notre coeur

Elles le sont, ces jeunes filles en fruit qui devraient s'appeler Madeleine tant on voudrait les croquer pour retrouver le temps perdu. Ma pomme, c'est toi ! Tant on les imaginerait bientôt adorablement repentantes alors qu'elle savourent avec une insouciance coupable l'instant d'une escapade dont elles croient pouvoir jouir indéfiniment avec impunité. Elles le sont, ces vicelardes d'un soir qui dans leur chambre prétendent plancher sur leurs bouquins, alors que la ligne haute vitesse familiale ne sert plus du tout à une recherche dans le net ayant pour objet le soulèvement du Schleswig-Holstein en 1848, peu s'en faut. Et si un router mettant les ordi familiaux en réseau permettrait d'assurer le suivi qu'appellent ces écarts, la connexion sur fil spécifiquement préférée par la demoiselle drape sous le manteau du secret électronique ces ébats sur désordi... , sur extraordi... nateur. Le Pentium IV sous l'arbre devait leur ouvrir la voie de la connaissance et c'est bien le fruit de cette connaissance, de cette connaissance de soi, de cette connaissance du bon et du mâle, qu'elles s'apprêtent à croquer.

Voyez ce sourire, ce qu'il dit, laisse entendre, permet de supposer, appelle à espérer. Imaginez que vous êtes l'adolescent -- que dis-je, peut-être l'adolescente -- de dix huit ans qui à l'autre bout de la ligne vient d'amorcer cette communication prometteuse dont le rendez-vous virtuel a été fixé par courriel, selon les allées et venues, loisirs et absences, roupillons et siestes de parents qui espèrent pouvoir accorder à la relève toute la liberté qu'elle est apte à gérer désormais, puisqu'elle sera très bientôt universitaire et a franchi le cap de la majorité.

Considérez les splendeurs qui s'affirment sous le voile de ce t-shirt (faudra-t-il en l'occurrence utiliser le néologisme croquignolet concocté par l'Office de la langue française du Québec au prix de milliers d'heures personnes de réflexion intensive dont le taux horaire totalise la rançon d'un roi : « gaminet »). Donc, sous ce gaminet, dis-je -- correction d'abord et correction ensuite --, s'ébauchent, se bombent, se pointent les deux rotondités mammaires qui feront l'objet de cette révélation et sont destinées à être dénudées. Le torse bombé, les bras surélevés au-dessus de la tête en un exercice tonique et galbant, toute la posture est destinée à les mettre en valeur à les proposer à la convoitise.

Et voilà que se lève le voile de ce temple du coeur pour mieux annoncer la révélation de ses secrets et le sein des seins. Voilà que le rideau monte, laissant entrevoir les pieds de chaise du décor et les chevilles de l'étoile du moment qui, le trac aux tripes se prépare à amorcer sa première réplique. Voici que saisi entre le pouce et l'index des deux mains agiles et souples, et semble-t-il rompues à l'exercice, le gaminet en question est troussé, laisse entrevoir le petit ventre rond et rose tendre, tendu comme un tamtam, son halètement témoignant de l'expectative devant la suite des événements qui ne saurait se faire attendre. Car la soif d'être caressée du regard et reluquée est avivée par le défi lancé : Feras ? feras pas ? T'as la trouille ! T'es trop godiche !

Mais si, elle va le faire et elle n'a peur de rien, sinon d'être considérée trouillarde. Et puisque c'est la toute première fois qu'elle ne se trémousse pas devant la glace de la toilette pour son propre plaisir, mais qu'elle s'exhibe plutôt au bénéfice d'un autre -- ou d'une autre, nous ne vendrons pas cette mèche-là -- les papillons de la volupté parcourent déjà toute sa poitrine d'un foisonnement coquin qui assaille sa jolie gorge et pousse une pointe jusques à son entrecuisse, à la seule pensée qu'elle sera bientôt dénudée, même si ses splendeurs sont encore confinées dans les bonnets en maille satinée incrustée de tulle qui moulent amoureusement leurs trésors, leur plénitude naissante et prometteuse, même si cette tendre abondance des primeurs est encore structurée par une armature de polyester qui ne demande qu'à libérer le poids charnel et rose qu'elle soutient.

Ainsi s'accomplit l'inespéré passage à l'acte. L'hésitation n'a pas été bien longue. Elle a procuré juste ce qu'il faut d'incertitude pour pimenter l'expectative. Mais une fois retiré le premier voile, celui qui coûte, celui devant lequel toute une éducation et ses rigueurs font hésiter, gageons que les six voiles subséquents s'envoleront en cadence, marquant et illustrant les stances d'une Shéhérazade qui ne s'échelonneront pas sur mille et une nuits. Débordements solitaires et virtuellement partagés qui sont peut-être préférables aux calages de bières et shooters à gogo marquant une initiation universitaire dont le retour collectif à l'état sauvage et tribal peut comporter des écarts, des intromissions entraînant, hélas, le déshonneur des familles si les précautions d'usage ne sont pas prises dans l'enthousiasme du moment, maman ! Elle avait de tout petits tétons. Valentine ! Valentine ! Que l'on tâtait tâtait à tâtons. And so on and so forth. Et ainsi de sweet.

Bref, la chose étant amorcée, elle ne peut que se poursuivre, car on entend dans les haut-parleurs du système les gloussements, les sifflements, les WOOOOOWW ! les interlocutions éjaculatoires au sens propre mais point propret, les observations coquines, canailles et juvénilement gaillardes qui -- taïaut, taïaut -- décuplent l'audace dans l'impudeur, encouragent à encore plus de hardiesse, de franche nudité. Et la demoiselle se rend à ces raisons qui lui semblent momentanément imparables, évidentes, gratifie, comble son auditoire déjà acquis d'enthousiasme et prêt pour la suite du numéro.

Les bretelles élastiques une fois abaissées invitent la plénitude libérée de son léger carcan à en déborder la restriction. Le vêtement réduit à sa plus simple expression ploie comme une corne d'abondance livrant toutes ses richesses dont l'oscillation, le frémissement est celui de la vie même, tandis que le poitrail pigeonnant s'apprête à quitter les bonnets doublés coton d'une virginale blancheur qui recueillent et masquent encore les pointes des seins et leurs corolles plus sombres, plus sensibles, toujours embusquées mais toutes dressées et fières de bientôt paraître. Il ne reste plus aux doigts experts qu'à rejoindre à l'aveugle l'agrafe dos, recherche qui accentue l'inclinaison du torse vers l'avant, pour que soient accomplis tous les voeux insistants d'un public restreint mais soigneusement choisi, pour que se révèlent absolument les merveilles constituant l'objet de cette soirée, de cette leçon toute particulière.

L'irruption d'une mère furieuse, d'un papa déçu, scandalisé pimenterait encore mieux le programme et c'est, l'eussiez-vous cru, ce qui devait survenir. Un verre de lait et trois biscuits aux brisures de chocolat forment l'alibi fournissant l'occasion d'un suivi inquiet, de soupçons inquisitifs. Et le constat de flagrant désir emprunte les accents les plus graves qui puissent s'entendre dans une bonne maison. Une maman digne de ce nom ne déchirerait-elle pas ses vêtement à l'antique en constatant que le Coeur de son Enfant vient de perdre sa virginité, pour ne rien dire de son Cul dont le sort désormais incertain avive les plus troublantes angoisses et motive des imprécations déchaînées. Entend-on retentir le claquement redoublé, souverain, impérieux d'une royale paire de gifles, lorsque la main maternelle fustige les joues rondes et roses tournées vers elle, déjà baignées de larmes ? Entend-on fuser la redoutable menace annonciatrice des plus féroces répressions : « Attend que ton père arrive à la maison ! » Ce n'est pas la crême d'asperges fumante, le poulet cacciatore, ses pantoufles et le plus récent éditorial du Point qui marqueront le retour du paterfamilias dans ses terres, mais une dénonciation stridente et le prononcé d'une sentence sans appel au son de sanglots hoquetants. Puis viendra la recherche, la présentation, la remise de l'instrument par lequel s'accomplissent les hautes oeuvres : le large et odorant cuir à rasoir lustré qui attend, suspendu à son clou dans la penderie, de laisser entendre sa retentissante voix.


Sanction !

Dans un foyer cossu, dans une bonne famille, c'est au salon qu'est appliquée la courroie paternelle dont l'éclatante injonction se réverbère sur le plafond cathédrale qui l'amplifie et l'enrichit de son écho, à la seconde même où tressaille et ondule le ferme popo d'une demoiselle, où mûrit sa contrition, son ferme propos, tandis que fusent les supplications, que sa réflexion s'approfondit manifestement, que ces macérations l'invitent à réévaluer certaines cochoncetés indignes d'une vraie jeune fille dont la maternité est la vocation naturelle et les études constituent l'impérieux devoir. Un canapé Roche Bobois fait merveille quand vient le moment de la draper en travers du dossier ou de lui faire enfourcher et chevaucher en cavalière les appuie-bras, cul nu largement écartelé. Les coussins dodus à housse de velours qui l'ornent, s'y côtoient, s'y multiplient surélèvent à loisir et positionnent parfaitement sa croupe dans l'éventualité où son père lui ordonne de s'allonger sur le siège du meuble en lui présentant le sien. Et c'est alors que dans la vaste maison retentit de concert et se répondent en un concerto, l'ordre viril qui astreint la pupille à sa rude discipline, les protestations impuissantes de la coupable, le riche claquement du cuir poli sur la chair si ronde, si dodue, si sensible, si vibrante ! Dont le joufflu violacé, macéré, soumis à l'appréciation maternelle témoigne de l'esprit de sérieux avec lequel est conduite l'éducation de l'intéressée.

Gageons que l'inscription dans une pension britannique confirmera cette remise au pas si heureusement amorcée et qu'un supplément de diligence ramènera notre pupille à des comportements plus policés, moins polissons, tandis que des maîtres experts peaufinent son éducation pré-universitaire, meublent son intelligence, astreignent son coeur, prennent en main sa chair. Cette fois, c'est la fine et souple baguette de bambou qui lui montrera l'ardu chemin du devoir et dont le chuintement, dont la longue morsure ligneuse et noueuse saura l'appeler à plus de rectitude, l'amenant par bonds et par degrés à devenir une vraie jeune fille.